Le jardin des délices - volets fermés (1504) Jérôme Bosch (source) |
Appel à communications 2015-2016
Pour l’année 2015-2016, le thème du séminaire collectif à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales, Paris) « Mésologiques : philosophie des milieux » sera : Milieu et monde : l’approche mésologique de la perception.
Argument : Dans la mésologie (Umweltlehre) d’Uexküll, la question de la perception tient une place centrale, chaque espèce percevant le donné environnemental brut (Umgebung) d'une manière qui lui est propre, et constituant par là son milieu spécifique (Umwelt). Cette question centrale est directement liée à ce qu'Uexküll a baptisé Bedeutungslehre, l'étude de la signification, qui a fait de lui le précurseur de la biosémiotique, en même temps que son Umweltlehre faisait de lui l'un des fondateurs de l'éthologie. Fortement influencé par Uexküll, Heidegger distinguera le niveau ontologique du minéral, qui est "sans monde" (weltlos), de celui du vivant, qui est "pauvre en monde" (weltarm), et de celui de l'humain, qui grâce à la parole est "formateur de monde" (weltbildend). De son côté, la mésologie (fûdoron) de Watsuji montrait que les différentes cultures humaines perçoivent et aménagent l'environnement naturel (shizen kankyô) d'une manière spécifique, élaborant ainsi historiquement chacune son milieu propre (fûdo), élaboration qui la structure elle-même dans ce "moment structurel de l'existence humaine" qu'est la médiance (fûdosei). Le problème de la perception apparaît ainsi intimement lié à la mésologie, donc aux notions de milieu et de monde. Le séminaire entend renouer aussi avec la pensée de Merleau-Ponty comme de Simondon d’un côté, et avec l’écologie de la perception de Gibson de l’autre, en soulignant le rôle du mouvement dans la perception multimodale ainsi que l’importance de l’interaction entre la saisie corporelle de l’environnement et l’influence des propriétés de celui-ci. Nous tenterons de montrer que c’est cette interaction qui, en déployant un espace-temps singulier à partir de notre fondement terrestre, assure le développement de l’être et de sa relation signifiante au monde. De la physique à la psychologie, de la biologie à l'anthropologie, de la philosophie aux sciences sociales, de l'évolution des espèces à l'histoire humaine, de la vision bouddhique des divers niveaux de conscience jusqu'aux sciences cognitives, le séminaire approchera le problème de la perception par de multiples points de vue, pour rendre justice à sa complexité, mais avec le constant souci d'en tirer une interprétation unifiée par la relation entre milieu(x) et monde(s).
Les personnes qui souhaiteraient faire une communication en 2015-2016 dans le cadre de cette problématique sont invitées à envoyer par courriel au comité d’orientation du séminaire (liste et adrels ci-après), avant le 30 avril 2015, un message exposant : 1. Titre de la communication (quelques mots) ; 2. Argument de la communication (une dizaine de lignes) ; 3. Nom, prénom, date de naissance, titres, fonctions actuelles, adresse, téléphone et courriel de la personne candidate. Les propositions seront examinées par le comité d’orientation, qui en sélectionnera une douzaine et en avisera les candidats avant le 31 mai 2015. NB : le séminaire ne disposant pas d’un budget propre, les communications ne sont pas rétribuées, ni les éventuels frais de déplacement pris en charge.
Les organisateurs du séminaire : Augustin BERQUE, directeur d’études EHESS, berque[a]ehess.fr ; Luciano BOI, maître de conférences EHESS, lboi[a]ehess.fr ; Romaric JANNEL, doctorant EPHE, romaric.jannel[a]etu.ephe.fr ; Yoann MOREAU, postdoc IIAC (CNRS/EHESS), yomoreau[a]ehess.fr.
Le comité d’orientation du séminaire : Francine ADAM, docteure en géographie culturelle, chercheuse en noms de lieux ; Marie AUGENDRE, géographe, maître de conférences à l'Université Lyon II ; Vannina BERNARD-LEONI, agrégée d'italien, directrice de la Fondation pour l'Université de Corse ; Augustin BERQUE, géographe, directeur d'études retraité à l'École des hautes études en sciences sociales ; Luciano BOI, épistémologue, maître de conférences à l'EHESS ; Sarah BORTOLAMIOL, biogéographe, postdoctorante au Sebitoli Chimpanzee Project (SCP) ; Martine BOUCHIER, architecte, professeure d'esthétique à l'ENSA de Paris-Val de Seine, membre du CRH/LAVUE-UMRCNRS 7218 ; Sabine BREUILLARD, agrégée de russe, historienne et présidente de la Bibliothèque Tourguéniev de Paris ; Caroline CHALLAN BELVAL, artiste, professeur à l'ENSA Villa Arson, Nice, enseignante à l'Université Nice Sophia Antipolis - Master 2 "Réhabilitation et sauvegarde du patrimoine architectural" ; Myriam CHOLVY, professionnelle des ressources humaines, en poste dans le secteur privé ; Pauline COUTEAU, philosophe, chargée de mission Europe centrale et orientale à Sciences Po ; Daniel EJNES, médecin de réadaptation, Directeur de recherche Neuron Rehab sas ; Romaric JANNEL, philosophe orientaliste, étudiant de master 2 à l'Ecole pratique des hautes études ; KIOKA Nobuo, philosophe, professeur à l'Université du Kansai ; Emmanuelle LADET, architecte, co-fondatrice et directrice d'études, Neuron Rehab sas ; Baptiste LANASPÈZE, éditeur, éditions Wildproject ; Patricia MARMIGNON, architecte-urbaniste, postdoctorante au Centre de recherche sur le Japon de l'EHESS, chercheuse associée à l'AUS (Architecture, urbanisme, société)-LAVUE, CNRS ; Marie-Antoinette MAUPERTUIS, économiste, professeure à l'Université de Corse ; Yoann MOREAU, anthropologue, chercheur à l'Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (CNRS/EHESS) ; Yann NUSSAUME, architecte, professeur en ville et territoire à l'ENS d'architecture de Paris-La Villette ; Richard PEREIRA DE MOURA, géographe, Coordinateur scientifique du Learning center ville durable de Dunkerque. ; Claude PLOUVIET, médecin physique, réadaptateur à Meudon ; Sarah VANUXEM, juriste, maître de conférences à l'Université de Nice Sophia Antipolis.