Freak oak leaf Botanical and Otherwise (Herman Silas Pepoon, octobre 1917) (source) |
Séminaire du 20 février 2016, couvent Sainte Marie de la Tourette
Penser le milieu
– Renaturer la culture, reculturer la nature, avec Augustin Berque –
par L. Duhem, J.-M. Ghitti, B. Lanaspèze et Ch. Younès
Le couvent dominicain Sainte Marie de la Tourette, dans la commune d’Éveux (Rhône), est connu entre autres pour son architecture, l’une des œuvres les plus célèbres de Le Corbusier. Il accueille régulièrement des rencontres intellectuelles. Organisé sur la proposition du Père Christophe Boureux, « théologien jardinier » chargé de la gestion paysagère et forestière du parc de 70 ha qui s’étend autour du couvent de La Tourette, le séminaire du 20 février 2016 portait sur la mésologie professée par le géographe, orientaliste et philosophe Augustin Berque (1942-) dans le fil de l’Umweltlehre d’Uexküll et du fûdoron de Watsuji. Le naturaliste germano-balte Jakob von Uexküll (1864-1944) fut l’un des fondateurs de l’éthologie et le précurseur de la biosémiotique. Il a posé et prouvé expérimentalement que le milieu (Umwelt) n’est pas réductible à l’environnement (Umgebung), car ce n’est pas un donné brut mais un construit, élaboré par l’interprétation sémantique et active que le vivant, en tant que sujet, fait de cette matière première. Le philosophe japonais Watsuji Tetsurô (1889-1960) a fondé sur le même principe sa théorie des milieux humains : le milieu (fûdo) n’est pas l’environnement naturel (shizen kankyô), car il suppose l’interprétation qu’en fait historiquement le sujet humain. Ainsi la mésologie, science du milieu, n’est pas l’écologie, science de l’environnement. On peut la définir comme une phénoménologie de l’environnement et une bioherméneutique.