Paysage paradisiaque avec des animaux, Jan Breughel II (1613 - 1615) (source) |
Centro internazionale di studi interculturali di semiotica e morfologia. Università di Urbino, I giorni della biodiversità, 15 dicembre 2010
La biodiversité comme impératif moral
– de l’histoire naturelle à une histoire humaine –
par Augustin BERQUE
Résumé -
À partir d'une réflexion sur les analogies que présentent la théorie
des milieux humains chez WATSUJI Tetsurô et celle des milieux animaux
chez Jacob von UEXKÜLL, on présente l'hypothèse d'une contingence
exponentielle inhérente à l'histoire naturelle comme à l'histoire
humaine, et dont l'effet concret a été d’un côté une diversité toujours
plus grande (sauf extinction massive), tant des espèces vivantes que des
cultures humaines, et de l’autre côté une interrelation structurelle
entre l’existence de tout sujet (individu, société, espèce) et celle de
son milieu propre, ainsi chargé de toutes les valeurs existentielles de
ce sujet ; en particulier, pour l’humain, de ses valeurs morales. Le
mécanicisme du paradigme occidental moderne-classique a engendré une
tendance inverse, toujours plus accentuée, qui aujourd'hui atteint
l'allure d'une extinction massive sous ces deux aspects : d’un côté,
ravage de la diversité des espèces vivantes et des cultures humaines ;
de l’autre, neutralisation de toutes les valeurs au nom d’un
objectivisme qui n’est, en fait, qu’une forclusion de la moitié de
l’être (sa part existentielle). On se livre à quelques spéculations
quant aux raisons de cette tendance et à la possibilité de la renverser
pour retrouver le fil de la nature et de l'histoire, donc de la
diversité, ce qui de ce point de vue est un impératif moral.