mercredi 26 juillet 2017

Trajective chains in mesology / Augustin Berque

The Merchant Navy: The chain-locker (Henry Carr: 1942)
source
The International Society for the Philosophy of Chemistry (ISPC)
Colloque international de philosophie de la chimie, Paris, 3-6 juillet 2017

Trajective chains in mesology

von Neumann chains in physics, etc. – and in chemistry ?

by Augustin BERQUE

Abstract – The leading idea of mesology (the study of milieux) originates in Plato's Timaeus, with the paradoxical relationship of chôra (milieu) and genesis (relative being), which are posed as both an imprint and a matrix of each other. Though  foreboded, the idea of milieu was locked out by Plato's rationalism, because it infriges the principle of the excluded middle : A (an imprint) cannot be non-A (a matrix), and there is no third term, both A and non-A. After Uexküll, who proved experimentally that an animal and its proprer milieu (Umwelt, not to be confused with the general data of the environment, Umgebung) are precisely in such a relationship, and after Watsuji, who, as for the human, named this relationship fûdosei (mediance) and defined it as the structural moment of human existence, mesology has logically and ontologically formulated empirical reality r (that of concrete milieux)  in the following way : r = S/P, which reads "reality r is the subject S as the predicate P". Reality is neither S (the Real in itself) nor P (a subjective representation), but emerges in a process called trajective chain by dint of which, indefinitely, S is assumed as P, producing S/P, which in its turn is hypostasized into S' by P', and so on in the following way : (((S/P)/P')/P'')/P'''... etc.  Homologous chains have been observed also in physics, and named "Neumann chains". Then what about chemistry?
Plan – § 1. Starting up mesology ; § 2. The establishment of mesology ; § 3. Mediance and trajective chains ; § 4. Trajective chains, semiologic chains, von Neumann chains ; § 5. Chemistry in the concrete milieux of the Ecumene.

mercredi 19 juillet 2017

dialogues mésologiques / Augustin Berque


Vient de paraître

dialogues mésologiques

éditions éoliennes / Augustin Berque

Là, sur les bords de l’Yvette Sur les bords de l’Yvette, un vieux monsieur très savant, le Dr No, et sa petite- lle Mélissa, lycéenne en seconde, parlent de mésologie – la science des milieux, c’est-à- dire de la relation spéci que que tout être vivant crée avec son environnement. Alors que l’environnement est universel – le même pour tous –, le milieu est singulier, que ce soit à l’échelle de l’espèce – le milieu d’un ragondin n’est pas celui d’un canard, bien qu’ils vivent côte-à-côte dans la même rivière – ou à l’échelle des organismes ; et, dans le cas de l’humain, que ce soit à l’échelle des personnes comme à celle des cultures: un même donné environnemental pourra être perçu et utilisé de manières très di érentes par des sociétés di érentes, et dans un même environnement, deux personnes pourront vivre dans deux milieux très di érents. La découverte de cette spéci cité des milieux a révolutionné les sciences de la nature au xxe siècle, avec les travaux du naturaliste balte Jakob von Uexküll (1864-1944), et du philosophe japonais Tetsurô Watsuji (1889-1960). Les perspectives nouvelles sur la nature et sur l’existence humaine qui découlent de leur mésologie sont ici même – sur les bords de l’Yvette – mises à la portée de tous dans une suite de dialogues entre Mélissa et son grand-père, où s’invitent tour à tour, ctivement, quelques-uns des grands noms de la mésologie : Uexküll et Watsuji, bien sûr, mais aussi quelques autres savants qui ont fait de la mésologie sans le savoir. Le tout, sous l’œil du roi de l’Yvette... le ragondin.

mercredi 12 juillet 2017

Le Poète et la Panthère / Isabelle Favre

Traité des couleurs de Goethe
(1809, aquarelle - Goethe-Museum Frankfort)
Séminaire Mésologiques, 10 mars 2017 

Le Poète et la Panthère

ou le Paysage comme Expérience

Isabelle Favre

Dans sa Théorie de la Signification, publiée à la suite de Mondes animaux et monde humain, Jakob von Uexküll écrit au début du tout dernier chapitre, intitulé Le Progrès : 
« Ce progrès, tant vanté, qui est censé conduire les êtres vivants d’une origine imparfaite à un état de perfection toujours plus élevé, n’est-il pas au fond une vue de petits-bourgeois qui spéculent sur le bénéfice croissant d’une bonne affaire ? ». 
J’interpréterais volontiers cette phrase comme l’intuition des transformations qui nous dépassent, en nous faisant entrer dans l’Anthropocène. Anthropos apparaitrait alors sous les traits de petits bourgeois spéculateurs, peu importe leur affaire pourvu qu’elle soit bonne. Certains de leurs contemporains pourtant restent passionnés par la compréhension et l’expression de la forme. Qu’elle soit forme de vie ou de langage, cette passion implique curiosité et reconnaissance d’une altérité. Uexküll achève ainsi son chapitre sur Le Progrès :
« Ce n’est pas l’expansion de notre milieu de vie à des millions d’années-lumière qui nous élève au-dessus de nous-mêmes, mais la reconnaissance qu’aux côtés de notre milieu personnel se lovent dans un plan commun les milieux de nos frères humains et animaux. » 
Uexküll utilise bien le mot « Mitbrüder » (frères).
Dans mon exposé, je souhaite mettre au jour les figures de ce plan commun, puis observer dans quelle mesure le "paysage", un mot apparu il y a 500 ans, peut nous permettre d’en faire l’expérience.

mercredi 5 juillet 2017

Cruelle Arcadie. Genèse d’un paysage / Ursula Wieser Benedetti

Vue de Stowe House par George Bickham (1750)
(source)
Séminaire Mésologiques V :
La genèse des milieux humains : anthropisation, humanisation, hominisation
École des Hautes Études en Sciences Sociales
12 mai 2017

Cruelle Arcadie

Genèse d’un paysage : les grands jardins paysagers et la transformation de la campagne anglaise aux 18e et 19e siècles


Par Ursula Wieser Benedetti

Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui et je remercie les organisateurs de m'avoir invitée. Je vais vous parler aujourd'hui des jardins paysagers et de la transformation de la campagne anglaise aux 18e et 19e siècles, en tentant de mettre en évidence les dynamiques d'anthropisation, d'humanisation et d'hominisation qui ont accompagné ces développements. Le titre de mon intervention est « Cruelle Arcadie », ce qui laisse sans doute déjà entrevoir la direction dans laquelle je vais me diriger, et je vais essayer de mettre en lumière la corrélation forte qui existe entre jardins paysagers, transformation du paysage et révolution industrielle, cette révolution qui a pris naissance en Grande-Bretagne durant la seconde moitié du 18e siècle. Ces jardins paysagers d'aspect plutôt bucolique, harmonieux et « naturel » ne laissent peut-être pas soupçonner de manière évidente leur corrélation avec l'industrialisation, mais ce lien est fort, et c'est ce dont je vais vous parler aujourd'hui.