mercredi 3 janvier 2018

Les limites radicales de la subjectité / Augustin Berque

L’araignée qui pleure (Odilon Redon, 1881)
source
À paraître dans Method(e)s. African Review of Social Sciences Methodology, 2017 : Fractures épistémologiques dans un monde globalisé.

Les limites radicales de la subjectité occidentale moderne

– quelques implications épistémologiques de la mésologie –

Augustin Berque

Résumé – On distingue d'abord ici la subjectité de la subjectivité. La subjectité est proprioceptive: c'est avoir une certaine conscience de soi, donc être un sujet, pas un objet. La subjectivité est un attribut de la subjectité : c'est voir les choses de son propre point de vue. Le mécanicisme occidental moderne a dénié la qualité de sujet aux vivants non-humains, voire à certains humains. Au contraire, la mésologie (l’Umweltlehre d’Uexküll) pose que tout être vivant est un sujet, qui de ce fait a son propre monde. On creuse ici la question des degrés et des champs de cette subjectité, du vivant le plus primitif au "moi je" du sujet occidental moderne.

Plan : §1. Quelques mots du sujet ; §2. Le paradigme mécanique ; §3. Le tournant uexküllien ; §4. Une science du de-soi-même-ainsi (shizengaku 自然学) ? ; §5. Le vif du sujet ; §6. Des concepts et, pourquoi pas, un autre paradigme ?



AbstractThe radical limits of Western subjecthood – some epistemological implications of mesology – This paper distinguishes, first, subjecthood from subjectiveness. Subjecthood is self-perceptive: it means having a certain degree of self-consciousness, and thus being a subject, not an object. Modern Western mechanicism has denied other living beings, including some humans, the quality of subject. On the contrary, mesology (Uexküll’s Umweltlehre) poses that any living being is a subject, and for that reason possesses its/her/his own world. One delves here further into the question of the degrees and fields of this subjecthood, from the most primitive living entities to the “I” of the modern Western subject.

Summary : §1. A few words about the subject ; §2. The mechanical paradigm ; §3. The Uexküllian turn ; §4. A science of the self-so (shizengaku 自然学)? ; §5. The gist of the subject ; §6. A few concepts and, why not, another paradigm?