The Essence is Invisible, Son, Bong Chae (huile sur toile, 2009) (source) |
Initialement soumis à Ebisu, puis publié sur "catastrophes"
Le “spectraculaire”
Fukushima est-elle une catastrophe ?
par Yoann Moreau
Ce
qui s'est produit dans le complexe nucléaire de Fukushima Daiichi
(福島第一原子力発電所) le 14 mars 2011 est un événement rare, le deuxième de ce
genre après Tchernobyl. Son impact principal ne consiste pas dans sa
dimension spectaculaire – l'explosion des réacteurs – mais dans sa part
radioactive, invisible et difficilement quantifiable.
Cette dimension « spectrale » doit être étudiée avec la plus grande
attention car elle relève d'un champ d'expérience situé en deçà de la
réalité sensible. L'émission de radioactivité est en effet une donnée
environnementale (kankyô 環境) avant que d'être une réalité du milieu humain (fûdo 風
土). Cela signifie qu'elle affecte le vivant de manière organique, en
deçà de tout registre de prédication. Autrement dit, quoi que l'on en
dise, quoi que l'on en pense et quoi que l'on fasse, l'accroissement de
la présence d'isotopes radioactifs dans la biosphère est une donnée avec
laquelle il s'agit désormais de composer. Cela hante le monde depuis sa
base, le modifiant de manière objective pour plusieurs centaines de
milliers d'années (Galle, Paulin, & Coursaget, 2003).
Dans
l'état actuel de nos connaissances, nous n'avons pas les moyens d'y
remédier.
Cette incapacité traduit une perte de « médiance » (Berque 1990). La radioactivité désembraye non seulement le rapport structurant entre milieu et existence humaine (Watsuji, 2011 ; Berque, 2000) mais, d'une manière plus générale, celui entre milieu et monde de la vie dans son ensemble. Ce type d'évènement doit donc être pensé avec le plus grand soin. Il nous faut comprendre les raisons qui nous conduisent à persévérer dans cette méprise qui dégrade durablement l'habitabilité terrestre. La dispersion des matières radioactives produit une pollution qui affecte l'ensemble du vivant de manière lancinante et non pas virulente, de façon diffuse et non pas située. Elle accroît le stress environnemental sans pour autant avoir une dimension létale, sans exprimer une toxicité systématiquement mortelle ou gravement pathogène.
Dispersion atmosphérique de la radioactivité émise en mars 2011. (source : Météo France) |
L'accroissement du taux de radioactivité augmente uniquement les probabilités de développer des dégénérescences cellulaires ou génétiques. Le lien n'est pas causal mais « seulement » probable. On ne peut donc pas stipuler, en toute rigueur, un rapport de causalité entre la présence de radioactivité dans un milieu donné et les pathologies développées dans ce même milieu. Cela génère une indétermination principielle quant à l'évaluation de l'impact, un flou de caractère épistémologique (lié au mode de connaissance).
Ce caractère fondamentalement contingent ne peut se résoudre par de simples calculs de moyennes à partir desquels on ne peut, en réalité, mesurer l'impact concret. L'exemple est classique : « Deux hommes ont deux pommes. L'un d'eux les mange toutes les deux. On peut dire qu'en moyenne, chacun des deux a mangé une pomme. Transposé à la répartition de l'alimentation à l'échelle mondiale, l'énoncé serait le suivant : « En moyenne », tous les hommes mangent à leur faim » (Beck 2001 : 45). Sur le même principe, l'énoncé d'un taux moyen de contamination ne permet pas d'inférer son incidence concrète sur les populations car, en matière d'alimentation comme d'irradiation il est question de quantité absorbée. Cela constitue un écueil dont nous devons apprendre à nous déprendre. Ainsi, les diverses pathologies qui ont affecté les « liquidateurs » russes envoyés pour déblayer Tchernobyl, n'ont pu - et ne peuvent - être mises en relation formelle avec l'exposition de ces personnes sur le site irradié. Dès lors les chiffres qui permettraient d'établir un bilan à ce niveau sont on ne peut plus controversés et varient à des ordres de grandeurs qui laissent perplexe: « No one knows whether it is hundreds - or millions - of people who have been affected by the Chernobyl fall-out » (Giddens 1999). Plus précisément nous ne savons pas le nombre de personnes qui, s'il n'y avait pas eu l'accident nucléaire de Tchernobyl, n'auraient pas eu de problèmes de santé. Nous ne pouvons pas dénombrer les victimes des accidents nucléaires avec la même précision que pour les autres catastrophes. Non seulement les éventuels décès que la radioactivité émise aura contribué à provoquer ne lui sont pas directement imputables, mais la forme de l'impact est elle même diffuse, de l'ordre d'un stress plutôt que d'un véritable impact. Les dégâts associés ne se comptent pas, ils affectent l'ambiance dans laquelle se déploie le monde vivant, ils sont structurels avant que d'êtres ponctuels.
Ainsi,
contrairement aux aléas classiques pour lesquelles il est possible
d'effectuer un bilan global par décompte des victimes, les conséquences
des accidents nucléaires demeurent « fantomatiques ». Comme le village
de Prypiat déserté de ses habitants ou la région de 30 km de rayon
autour du site de Fukushima, c'est par son absence sensible que brille
la radioactivité, par son caractère « spectral », au double sens du
terme.
Chien abandonné, ville fantôme de Futaba, 21 avril 2011 (Sergey Ponomarev/AP/SIPA) |
Elle accroît un imperceptible bruit de fond qui incommode
l'ensemble de la biosphère, augmentant la probabilité de ses
dégénérescences cellulaires et de ses mutations génétiques. On pourrait
dire en un sens que Fukushima n'a pas « un » impact, mais une multitude.
Chacun des isotopes radioactifs affecte une micro contrée moléculaire
provocant des mini catastrophes plus ou moins bien gérées par les
organismes vivants. Dans la majeure partie des cas ces micro agressions
ne dégénèrent pas (en leucémies, cancers, pneumonies ou atteintes
neuronales) mais demeurent bénignes (saignements nasals, vomissements et
légères inflammations de la thyroïde) ou non symptomatiques. Cela ne
signifie pas qu'ils ne faut pas les prendre en compte, en tant que
facteur de stress global.
Cette question de l'évaluation d'impact est capitale. C'est en effet à
partir de son estimation que nous prenons position et engageons les
mesures de préventions jugées adéquates. Nous ne pouvons dire avec
précision l'impact de Fukushima, mais devons pouvoir être en mesure
d'émettre un ordre de grandeur. De cela dépendent, les précautions que
nous allons prendre, la hauteur des digues que nous construirons à
l'avenir et les seuils de sécurité que nous devrons mettre en place pour
produire ce type de ressource énergétique. Si nous ne parvenons pas à
réduire la part d'indétermination à des échelles acceptables, il
s'agirait alors d'appliquer non pas des mesures de précaution, mais de
fonder ce dernier en principe.
Nous devons admettre que, dans l'état actuel de nos modes d'estimations, il demeure de sérieuses inconnues qui, comme tout ce que l'on ignore, tendent à effrayer. Cela signifie que Fukushima ne relève pas tant de la catégorie du risque (calculé) que de celle du danger (inconnu). Dans le cadre de cette distinction risque/danger, opérée par M. Douglas et A. Wildavsky (1983), cela revient à dire que le danger nucléaire bien que « sélectionné » en tant que risque, continue à déroger au cadre d'une analyse cyndinique. En rester à ce registre de connaissance implique l'emprise possible des subjectivités sur la raison. Le risque serait alors de suivre des élans qui répondent à des valeurs – d'ordre moral, politique ou économique – indépendamment de toute objectivité.
Nous devons admettre que, dans l'état actuel de nos modes d'estimations, il demeure de sérieuses inconnues qui, comme tout ce que l'on ignore, tendent à effrayer. Cela signifie que Fukushima ne relève pas tant de la catégorie du risque (calculé) que de celle du danger (inconnu). Dans le cadre de cette distinction risque/danger, opérée par M. Douglas et A. Wildavsky (1983), cela revient à dire que le danger nucléaire bien que « sélectionné » en tant que risque, continue à déroger au cadre d'une analyse cyndinique. En rester à ce registre de connaissance implique l'emprise possible des subjectivités sur la raison. Le risque serait alors de suivre des élans qui répondent à des valeurs – d'ordre moral, politique ou économique – indépendamment de toute objectivité.
1967 - Enceinte interne de Fukushima Dai Ichi. (cliquer sur l'image pour voir le reportage) |
Il nous faut reconnaître le caractère fondamental du type
d'indétermination à laquelle nous sommes confrontés. Il n'est pas
possible de traiter les aléas nucléaires sous la catégorie d'un régime
causal. Il s'agirait donc peut-être d'emprunter aux procédures d'analyse
de la science du subatomique, forgée à ces types de conjonctures.
Depuis Heisenberg et l'avènement d'une épistémologie probabiliste, les
rapports peuvent aussi se poser en termes de distributions stochastiques
(des probabilités relatives à un milieu) et de statistiques (qui
s'appuient sur un grand nombre d'études de cas concrets). Nous devons
nous efforcer de produire des estimations du stress global produit sur
le monde vivant par les matériaux radioactifs dispersés lors de
l'accident.
Cette estimation déjà délicate en terme de dispersion spatiale, devra
également prendre en compte l'échelle de temps engagée. Quand bien même
l'accroissement des taux de radioactivité serait minimal à l'échelle de
la biosphère, la durée de l'impact doit aussi être prise en compte. Car
ce qui s'est produit à Fukushima n'est pas un dénouement, ce n'est pas
en train de se résorber mais, bien au contraire, de s'accumuler.
Contrairement aux inondations, tempêtes, éruptions volcaniques et autres
catastrophes naturelles, les incidents nucléaires sont en effet
cumulatifs. Le tremblement de terre à Haïti du 12 janvier 2010
n'augmente pas l'intensité du tsunami du 11 mars dernier. Leurs effets
sont indépendants. Mais Fukushima s'ajoute à Tchernobyl, à Three Miles
Island, à Hiroshima, Nagasaki et à l'ensemble des essais nucléaires réalisés à ce jour.
Leurs
impacts s'additionnent les uns aux autres car leurs périodes d'activité
se recouvrent. Ils vont dans le sens d'un accroissement progressif de
la quantité d'isotopes radioactifs présents dans la biosphère. En ce
sens Fukushima intègre un processus qui, rétrospectivement, semble avoir
commencé autour de 1934, avec le début de la production artificielle de
radioactivité, dans les laboratoires d'Irène et Frédéric Joliot-Curie.
Frédéric et Irène Joliot-Curie, Institut du Radium. 1934. ©ACJC |
L'estimation de l'impact doit également pouvoir surmonter un facteur
épistémique, lié aux modalités de perception du sujet connaissant.
L'irradiation, relation de la radioactivité avec les tissus vivants,
n'est pas sensible à l'échelle cognitive. Même l'irradiation massive est
invisible, inodore, insipide et – sur le moment – indolore. La
contamination ne fait pas événement. Elle agit sur un mode opposé au
catastrophique, sans coup d'éclat ni rupture. Elle ne provoque ni gêne
immédiate ni irritation notable ; impossible donc de s'en rendre compte
et d'en rendre compte. Cela coupe les personnes contaminées de la
possibilité d'y mettre du sens en en faisant le récit et en l'insérant
dans une chronologie, comme c'est le cas en situation de catastrophe «
classique ». Les personnes atteintes doivent affronter leurs maladies
sans ce ressort narratif, sans pouvoir désigner une cause à leur
malheur.
Pour les personnes qui ont été soumises à une irradiation hors normes
– par exemple celles de la préfecture de Fukushima à partir du 14 mars
2011 – rien de spécial ne semblait se produire. Quelques jours plus
tard, plus de cent mille individus ont pris le chemin de l'exode sans
signes manifestes du danger qu'ils fuyaient. En dehors de la zone
d'évacuation obligatoire le taux de radioactivité est lui aussi
ponctuellement hors normes, et expose encore actuellement des civils -
notamment des écoliers - à des taux possiblement pathogènes (Kaneko
2011). Pourtant, en l'absence d'investigation technique au compteur
Geiger, les cours d'école semblent identiques
à ce qu'elles étaient avant l'explosion des réacteurs. Il y a
désembrayage entre l'échelle sensible et l'échelle à laquelle opère la
radioactivité. Cela se produit en deçà de tout registre de prédication.
Nous sommes placés devant l'impossibilité technique et écologique de
remédier à l'accroissement de radioactivité. Mais nous pouvons – et
devons – faire en sorte que ce processus puisse pénétrer le champ
symbolique, qu'il puisse être décrit et raconté, être mis en relation
avec des drames et des pathologies qui, pour le moment, en sont
déconnectés.
Comment cela est-il envisageable ?
Faisons le point. L'histoire récente nous confronte avec des aléas
d'un nouveau genre. Ils ne sont plus spectaculaires mais «
spectraculaires ». Ils n'ont plus la forme d'une occurrence violente et
brutale, de type sismique, mais sont devenus invisibles et lents, diffus
et continuels, non plus meurtriers mais stressants. Leurs impacts ne
sont plus clairement quantifiables, leurs destructions ne sont plus à
l'échelle sensible et leurs durées ne s'inscrivent plus dans la
soudaineté de l'événementiel. Cet ensemble de caractéristiques pose un
problème en termes d'estimation de l'impact tant à l'échelle globale
(sur la biosphère) qu'à l'échelle locale (sur les individus). Nous ne
savons donc pas si nous avons affaire à une catastrophe majeure ou à une
pollution environnementale peu significative. Nous demeurons dans
l'incertitude. Face au danger que représente Fukushima, il est donc
impératif d'être en mesure d'établir l'ordre de grandeur de son impact. À
défaut nous pourrions céder à la peur d'un fantôme fabulé, ou succomber
à son emprise concrète. Entre ces deux pôles, celui des lubies d'un
imaginaire coupé de toute objectivité et celui de l'aveuglement du
déterminisme rationnel, il faut nous efforcer d'élaborer une logique
médiane – une mésologique – capable de faire exister ce qui pour le
moment demeure à l'état de vide technique, analytique et sémantique.
Comment faire ?
Il nous faut trouver les moyens de réembrayer avec ce qui est en
train de se produire, ne pas laisser agir la radioactivité en deçà de
notre échelle de conscience (voir l'article "Le bleu du ciel"). Nous devons donc trouver des termes médiants qui permettent d'avoir
prise sur elle, et de nous dégager de son emprise, qu'elle soit
imaginaire ou organique. Pour cela il nous faut des outils pratiques,
des protocoles d'analyse et des concepts intellectuels.
D'un point de vue technique, les compteurs Geiger constituent un
outil indispensable pour percevoir et mesurer la présence de
radioactivité. La société civile nippone est d'ailleurs en train de s'en
équiper massivement. Des compteurs Geiger connectables à l'iphone
sont en vente. On pourrait imaginer un équipement massif avec ces
gadgets des populations japonaises vivant en zone potentiellement
irradiée - par exemple à Tôkyô. Cela permettrait d'obtenir une
cartographie en temps réel - via le GPS inclus dans les smartphones - de
la dispersion de la radioactivité. Ce serait une solution technique
permettant d'obtenir des estimations à la fois globales, localisées et
capable de suivre l'évolution temporelle des zones irradiées.
Du point de vue de l'analyse des données, de simples calculs de
moyennes ne suffisent pas. Il faudrait donc passer à des résultats
présentés autrement, par exemple en termes de distributions
stochastiques. Pour ce qui est de l'évaluation de l'impact, il s'agirait
d'établir des bilans autres que comptables, capables de prendre en
charge les dimensions non létales et non causales. L'estimation serait
donc plutôt d'ordre ambiantale et probabiliste, ce qui déroge aux
critères classiques d'évaluation d'impact des catastrophes.
L'accident
nucléaire de la centrale de Fukushima pose également de manière
décisive la question de la mise en récit d'un phénomène invisible,
intraçable et durable. Le concept de catastrophe, formé sur la
dramaturgie grecque, ne semble plus opératoire pour rendre compte de
cette nouvelle catégorie de phénomène. Le mot catastrophe, formé sur le
grec katastrophè, correspond en effet, étymologiquement, au
dernier acte d'une tragédie, à son dénouement. Il a une dimension
spectaculaire (au sens où il fait spectacle). C'est d'ailleurs sur ce
mode que sont traités la grande majorité des films catastrophes.
Dans l'état actuel de nos connaissances, il n'y a pas de concept pour traduire le drame à l'œuvre dans un accident nucléaire, pas de concept et – surtout – pas de dramaturgie. Nous manquons de ressorts tragiques pour rendre compte de drames ponctuels et domestiques dispersés dans l'espace et dans le temps, mais dont la somme, au fil des années devient massive.
Dans l'état actuel de nos connaissances, il n'y a pas de concept pour traduire le drame à l'œuvre dans un accident nucléaire, pas de concept et – surtout – pas de dramaturgie. Nous manquons de ressorts tragiques pour rendre compte de drames ponctuels et domestiques dispersés dans l'espace et dans le temps, mais dont la somme, au fil des années devient massive.
Note : un problème de dramaturgie similaire se pose pour les accidents de la route, dont la somme dépasse l'impact de l'ensemble des aléas naturels, mais dont nous ne parvenons pas à rendre compte dans leur dimension globale, véritablement catastrophique. Quelles sources, autre que statistiques, avons nous qui rendent comptent de l'impact automobile ? Quels films, quels œuvres littéraires, quelles images en donnent la mesure et en font le récit ?
Comment faire le récit de
processus qui se produisent à l'échelle cellulaire, de manière
insensible, sous la forme d'un stress organique. Comment mettre en scène
une ambiance dont les protagonistes ne sont pas conscients et à
laquelle ils sont insensibles ? Comment rendre compte d'un drame qui se
joue en deçà de ce que nous sentons ?
Note : cette problématique m'a conduit à travailler avec la Cie Jours Tranquilles (dir. F. Gorgerat). Nous pensons que le mythe de Médée peut permettre d’éclairer et de mettre en scène cette problématique. Il s'agit de voir comment Fukushima peut renouveler la lecture de Médée, et comment Médée peut permettre de décrypter la dramaturgie spécifique de Fukushima.Comment ce récit tragique peut éclairer une catastrophe latente, constituer un outil qui permette d'en saisir le nœud d'intrigue ? Les représentations sont prévues pour mars 2013. Production La manufacture et L'Arsenic, Lausanne, Suisse.
D'un point de vue sémantique, il nous faut pouvoir traduire ce
changement d'échelle. L'accroissement du nombre de particules
radioactives présentes dans la biosphère accentue un désordre plus
fondamental que celui où se déploient notre conscience et nos outils
d'analyse ordinaires. Il affecte la physiologie du corps animal de
l'humain, les modalités organiques de composer avec des rayonnements
hautement énergétiques. Il ne s'agit plus d'un accident, de quelque chose ayant une réalité phénoménale, mais d'une incidence,
c'est à dire incluse dans l'environnement. Cette incidence a de plus,
comme nous l'avons vu, un caractère processuel et cumulatif. Le terme «
catastase », traduisant une « situation permanente » (stase, empr. au
gr. στάσις) qui nous entraîne « vers le bas » (kata, empr. au gr. κατα)
pourrait peut être assumer ces deux caractéristiques (changement
d'échelle et processus) ?
Tant que nous ne sommes pas en mesure d'évaluer l'impact des éléments
radioactifs dispersés par Fukushima, nous ne pouvons pas dire dans
quelle mesure cela constitue une catastrophe.
Note : la région de 30km de rayon, véritable no man's land autour de la centrale a conduit à l’exode de plus de cent mille personnes. cela constitue déjà, en soi, une catastrophe. Dans cet article je tente cependant de prendre en compte l'effet global et non immédiat de l'incident. Son impact non pris en charge, sa part d'inquiétude hors zone d'évacuation.
Mais il est
certain que cela tend à dégrader les conditions de santé de l'ensemble
des formes de vie. Après Fukushima l'environnement est devenu moins
favorable au sain déploiement du milieu vivant. Cette incidence majeure,
provocant une catastase médiale, n'est pas une vue de l'esprit. Elle accroît les métastases organiques, reste à découvrir dans quelle proportion.
Bibliographie citée :
BECK Ulrich 2001 La société du risque. Sur la voie d'une autre modernité, Paris, Aubiers.
BERQUE Augustin
1990 Médiance. De milieux en paysages, Montpellier, GIP Reclus.
2000 Écoumène. Introduction à l'étude des milieux humains, Paris, Belin.
DOUGLAS Mary et WILDAVSKY Aaron 1983 Risk and culture. An essay on the selection of technological and environmental dangers, Berkeley, University of California Press.
GALLE, P., PAULIN, R. & COURSAGET J. 2003 « Données métrologiques et évaluation des risques en France lors de l'accident de Tchernobyl (26 avril 1986). Mise au point historique », C. R. Biologies , 326 : 699-715.
GIDDENS Anthony 1999 « Risk », Reith Lectures, Hong-Kong, British Broadcasting Company.
KANEKO JUN 2011 « Evacuation directive lifted near Fukushima no-entry zone », Asahi shimbun, édition du 02 octobre.
WATSUJI Tetsuro 2011 Fûdo. Le milieu humain, Paris, CNRS.
BECK Ulrich 2001 La société du risque. Sur la voie d'une autre modernité, Paris, Aubiers.
BERQUE Augustin
1990 Médiance. De milieux en paysages, Montpellier, GIP Reclus.
2000 Écoumène. Introduction à l'étude des milieux humains, Paris, Belin.
DOUGLAS Mary et WILDAVSKY Aaron 1983 Risk and culture. An essay on the selection of technological and environmental dangers, Berkeley, University of California Press.
GALLE, P., PAULIN, R. & COURSAGET J. 2003 « Données métrologiques et évaluation des risques en France lors de l'accident de Tchernobyl (26 avril 1986). Mise au point historique », C. R. Biologies , 326 : 699-715.
GIDDENS Anthony 1999 « Risk », Reith Lectures, Hong-Kong, British Broadcasting Company.
KANEKO JUN 2011 « Evacuation directive lifted near Fukushima no-entry zone », Asahi shimbun, édition du 02 octobre.
WATSUJI Tetsuro 2011 Fûdo. Le milieu humain, Paris, CNRS.