Cyborg Ahn Chang Hong et 안창홍 (Korean Art Museum Association, 2006) |
Association Tapages, XI èmes Rencontres, Bergerac, 3-7 avril 2018
Transhumanisme et cyborgie,
ou recouvrance de la Terre ?
par Augustin Berque
Plan § 1. À qui la faute ? ; § 2. La médiance humaine ; § 3. Fuir en avant dans la cyborgie… ; § 4. … ou reconnaître notre condition écouménale ? ; Conclusion : mésologie et recouvrance.
§ 1. À qui la faute ?
Parler d’« anthropocène », c’est ipso facto attribuer à l’humanité tout entière la responsabilité des ravages que subit l’environnement terrestre à cause de l’action humaine1. En fait, comme l’ont souligné Bonneuil et Fressoz2, il conviendrait plutôt de parler de capitalocène, d’occidentalocène ou de consumérocène, car cette responsabilité n’est pas celle de l’anthrôpos ἅνθρωπος en général, mais celle d’un certain type de civilisation, dont ne profite qu’une minorité, à l’exclusion des autres humains3. C’est là un problème à la fois social et géopolitique. Et comme les effets en sont d’échelle planétaire, c’est aussi un problème moral, parce que, dans l’ensemble, ceux qui ont provoqué et continuent d’aggraver l’anthropocène ne sont pas ceux qui en pâtissent. Pour dire la chose en un mot, la cause principale de l’anthropocène, c’est le paradigme occidental moderne-classique (ci-après POMC), caractérisé ontologiquement par le dualisme, qui s’est instauré en Europe au XVII e siècle, et a rendu possible la modernité dans ses aspects les plus divers. L’essence de ce paradigme dualiste aura été de couper le lien ontologique entre l’être humain et le milieu terrestre, converti en un simple objet mécanique, manipulable et utilisable à volonté. L’humain quant à lui s’est auto-institué en un sujet transcendantal, comme le symbolisa le cogito cartésien.
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