Brain mapping, Laura DeVito (source) |
Handicap neurologique : une mésologie clinique ?
D. Ejnes (médecin de réadaptation), E. Ladet (architecte)
Les intervenants proposent de questionner la nature des rapports entre une personne présentant un handicap neurologique et son milieu de vie. Il s'agira d’illustrer l’apport de la mésologie dans leurs disciplines respectives, d’ouvrir de nouvelles perspectives dans les champ de la recherche clinique et architecturale. Dans un premier temps, Daniel Ejnes présentera les principaux aspects du handicap neurologique et ses conséquences, à partir du concept de la Classification Internationale du Handicap mettant en évidence l’importance de relier et non d’opposer le modèle biomédical et le modèle environnemental autour du terme de « situation de handicap ». A partir de ces fondamentaux, Emmanuelle Ladet exposera comment ils peuvent être intégrés dans un projet architectural d’habitat de vie et de soins adapté, individuel ou collectif.
Propos
La personne en situation de handicap neurologique interagit avec des difficultés multiples sur le monde qui l’entoure, ce qui la prive pour tout ou partie d’accéder au corps médial du fait même qu’elle ne peut maintenir son corps seule, aller et venir à sa convenance et donc se trouver véritablement en un lieu. Ce constat pose la question de sa qualité de vie et de sa possibilité à « ex- sister », à s’extraire de son corps altéré et à agir sur ce qui l’entoure. L’un des enjeux de la réadaptation neurologique et de son intervention intégrée avec l’architecture est d’appréhender et analyser cet espace médial, que dans le cas présent nous appellerons espace d’intervention de la mésologie clinique. Comprendre comment la personne atteinte de maladie neurologique perçoit et conçoit son milieu de vie contribue à reconstruire une interface vivante lui permettant d’interagir et de retrouver une autonomie meilleure. Explorer à plusieurs ce lieu du geste immédiat, de l’espace péricorporel et extracorporel, permettre au moins de ré-imaginer et d’imager les possibles stimulés par un environnement vivant et perceptif, s’avère déterminant pour recréer le moment structurel de son existence. Le médecin tout comme l’architecte dialoguent autour de ce qui ressemble au départ à un vide lié à l’annonce de la maladie. Là où l’on ne peut soi-disant plus rien faire, une reconstitution adaptative fonctionnelle, spatio-temporelle et par imagerie cognitivo-motrice du mi-lieu de vie de la personne aident à sa reconstruction en tant que sujet en mouvement. Reste à explorer en recherche interdisciplinaire quelques traceurs de plasticité induits par cette approche.