Environnement, engagement esthétique et espace public : l’enjeu du paysage
Colloque international, Paris, ENGREF, 9-11 mai 2007
Comment ne plus « tuer le paysage » ?
Augustin BERQUE et FANG Xiaoling
1. Une esthétique de la nature
Le mot chinois shafengjing (殺風景, aujourd’hui écrit plutôt 煞風景), lu sappûkei en japonais, signifie littéralement « tuer (sha 殺) le paysage (fengjing 風景) ». Il a été créé par un poète de la dynastie Tang, Li Shangyin (dit aussi Li Yishan, 813-859), qui établit une liste de choses shafengjing. L’acception originelle de ce terme (prosaïque, vulgaire, sans goût, dépourvu de fengliu 風流 i.e. d’un sens élégant de la nature) reste encore plus ou moins son acception actuelle. Toutefois, beaucoup des scènes que Li Shangyin énumérait comme shafengjing sembleraient aujourd’hui sans rapport avec le paysage. Quelque chose de plus général paraît donc en jeu. C’est ce que nous allons d’abord essayer de saisir, avant d’en venir plus spécialement à ce qui se rapporte au paysage.
À propos de l'image (détail):
Titre: 清 石濤(朱若極) 重陽山水圖 軸| / Landscape Painted on the Double Ninth Festival
Créateur: Shitao (Zhu Ruoji)
Date de création: 1705
Lien externe: http://www.metmuseum.org/art/collection/search/49183
Support: Hanging scroll; ink and color on paper
Lieu: Metropolitan Museum of Art, New York, NY