Izanami et Izanagi ((cc) Kobayashi Eitaku, vers 1885/ MFA, Boston) |
KOKUDO 国土
TERRITOIRE
par Patricia
Marmignon
Selon le Kojiki (712), le couple originel japonais, Izanagi-no-mikoto et Izanami-no-mikoto, chargés de compléter la Terre à la dérive, formèrent l’île d’Onogoro, première terre ferme, où ils élevèrent un pilier céleste et un palais, miya宮. De là naquit l’archipel du Japon et les dieux de la nature. Le territoire japonais fut ainsi constitué et le peuple engendré simultanément, d’où le sentiment d’une consubstantialité entre la terre-mère nourricière et la chair même du peuple, corrélatif d’un attachement puissant et exclusif.
Différents vocables signifient « territoire » en japonais. Ryōiki 領域, sphère d’influence, zone de contrôle, ryōdo 領土, possession, fief ou encore ryōchi 領地, domaine, territoire. Ryō 領 a le sens de domaine, territoire, juridiction, fief. Jusqu’en 1871, le Japon était divisé en fiefs, remplacés alors par des départements to-dō-fu-ken 都道府県. Kokudo 国土 se compose des sinogrammes koku 国, lu kuni en Kun yomi 訓読 (lecture japonaise), qui signifie « pays, nation » et qui allie la frontière à l’étendue du territoire, et do 土, to, lu tsuchi en lecture Kun, qui représente le sol, la terre, le terrain. Kokudo, territoire, implique sa délimitation, ses contours et sa division, ainsi que sa nature.