Pioneer x McIntosh (Faith Fylesca, 1920)
Musée de l'agriculture de l’alimentation du Canada
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Colloque « Représentations de la nature à l’âge de l’anthropocène » Université Jean Moulin et IETT, Lyon, 22-23 mars 2018
Au delà de la modernité ?
La nature dans la « science naturelle » d’Imanishi et dans l’« agriculture naturelle » de Fukuoka
par Augustin Berque
Plan : § 1. L’histoire humaine de la nature serait-elle une histoire de milieu ? ; § 2. La modernité, cela se dépasse-t-il ? ; § 3. Imanishi : renaturer la science ; § 4. Fukuoka : renaturer l’agriculture ; § 5. Conclusion : natura natura semper.
§ 1. L’histoire humaine de la nature serait-elle une histoire de milieu ?
En 1968, Serge Moscovici (1925-2014) publia un essai mémorable sur ce qu’il qualifiait d’histoire humaine de la nature. Dans la réédition de 1977 en collection Champs, il formulait en quatrième de couverture le souhait « que ce livre, écrit avant son temps, aille à la rencontre de ses lecteurs, ceux d’un temps où, à force de parler de la nature, on en vient presque à oublier qu’elle a une histoire, la nôtre ». Mais pourquoi donc ce livre aurait-il été « écrit avant son temps » ? Et un demi-siècle après 1968, ce temps-là serait il enfin advenu ? L’idée centrale de Moscovici, telle qu’Amazon la met en avant, c’était que « la nature et l’homme travaillent ensemble à forger leur histoire, parce que l’homme est à la fois sujet et créateur de la nature : ‘Nous ne vivons pas dans une nature [sic ; le texte écrit en fait, p. 542, ‘une nature’] qui était présente avant que notre espèce émergeât’ . (…) Serge Moscovici tente, en pionnier, de montrer comment l’homme, être de labeur, n’a de cesse de bouleverser la nature pour l’inventer ».LIRE LA SUITE