Comme étudiant en géographie, A. Berque a découvert la question des milieux vers 1960, avec la lecture de Paul VIDAL de la BLACHE (Principes de géographie humaine, 1922) et de Lucien FEBVRE (La Terre et l'évolution humaine, 1922). Comme japonisant, il l'a redécouverte avec la lecture de WATSUJI Tetsurô (Fûdo 風土, 1935). Le concept central de Fûdo - terme qu'A. Berque rend par "milieu humain" - est fûdosei 風土性, que Watsuji définit comme "le moment structurel de l'existence humaine" (ningen sonzai no kôzô keiki 人間存在の構造契機) et qu'A. Berque traduit par médiance (du latin medietas, moitié). La traduction espagnole le rend par ambientalidad. Les traductions anglaise et allemande ne le traduisent pas. La traduction chinoise reprend 風土性 : fengtuxing.
La médiance est le couplage dynamique de deux "moitiés", dont l'une est l'individu, et l'autre le complexe éco-techno-symbolique qu'est son milieu. Sans ce milieu, l'individu n'est qu'une abstraction. Il ne peut pas exister sans cette moitié de son être. Tel est, dans l'optique d'A. Berque, le principe de base de la mésologie (étude des milieux, terme créé par Louis-Adolphe BERTILLON vers 1860, soit un peu avant qu'Ernst HAECKEL ne créât Oekologie).