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Le souq d’Imintanout en 1952.
Gouache de Pierre Lissac (grand-père maternel d'A. Berque)
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Ce texte a été lu à l’inauguration de l’Institut d’études avancée de Nantes, 5 allée Jacques-Berque (inaugurée par la même occasion). Il a été publié dans Awal. Cahiers d’études berbères, n° 40-41 (2009-2010), p. 208-211, et repris dans Le 5, allée Jacques-Berque, Nantes, Coiffard, 2011, p. 41-46.
Légende de Jakbirk aux Aït Mhand
par Augustin Berque
Résumé – Ce texte rend compte de la découverte faite lors d’un séjour en avril 2007 dans les Seksawa, sur le terrain où Jacques Berque, deux générations auparavant, avait préparé sa thèse Structures sociales du Haut-Atlas alors qu’il était contrôleur civil de la circonscription d’Imintanout (1947-1953) : la légende du hakim Jakbirk était désormais inscrite dans ce paysage.
Legenda, « les choses qu’il faut lire ». Ce qu’il faut lire à propos de ce mot, légende, c’est qu’il a été emprunté à la fin du XIIe siècle au latinlegenda, neutre pluriel substantivé de l’adjectif verbal de legere, « lire », avec le sens de « vie de saint ». Il fallait en principe être clerc, et donc savoir lire, pour dire une légende ; mais en ces temps-là, heureusement, les légendes n’étaient pas seulement écrites en lettres latines sur des parchemins ; elles étaient inscrites en chaque lieu, manifestées par la terre même. Le paysage était donc une morale : chaque lieu y était un enseignement, car les faits du passé y étaient la forme des choses présentes. Seule restriction à ces legenda : il fallait, pour les transmettre, les dire de vive voix. De voix vivante, et non de lettres outre-tombe.