mercredi 26 novembre 2014

Is the concept of speciety rationally operative ? / A. Berque

Proposed to the International Journal of Contemporary Sociology, special issue on “Sociality, culture and nature”.

Is the concept of speciety
rationally operative ?

by Augustin BERQUE


Abstract – The paper discusses the validity of the concept of shushakai put forward by the Japanese naturalist Kinji Imanishi. It proposes to translate this concept with speciety, defining it as the fact of being a species as a society, not as a mere population ; a society endowed with subjecthood, thus possessing its own specific world and evolving in relation to that world, rather than to the environment in general. The point of view is that of mesology, i.e. the study of milieu as distinct from the environment, which is the object of ecology. Mesology in that sense corresponds to Umweltlehre in Uexküll’s sense, and to fûdogaku in Watsuji’s sense.

mercredi 19 novembre 2014

Comment les choses prennent forme / L. Boi


Structure d'un cristal de calcite Alessandro Da Mommio
Structure d'un cristal de calcite (grossissement : 10x).
© Alessandro Da Mommio (université de Pise)
source

Comment les choses prennent forme ? 

De la singularité en art et en mathématique

L. Boi (EHESS)

L’art et la mathématique ne sont pas que des activités rationnelles, des activités purement logiques, elles ont aussi affaire à des processus intuitifs et sensibles. Elles cherchent à saisir les transformations invisibles internes aux objets et aux choses, et en même temps elles en dévoilent leurs modes de manifestations. Elles ont en commun l’idée d’une générativité intrinsèque du monde, qu’elles travaillent de plusieurs façons et réinventent sans cesse.

Légende de Jakbirk / A. Berque

Le souq d’Imintanout en 1952 Gouache de Pierre Lissac
Le souq d’Imintanout en 1952.
Gouache de Pierre Lissac (grand-père maternel d'A. Berque)
source
Ce texte a été lu à l’inauguration de l’Institut d’études avancée de Nantes, 5 allée Jacques-Berque (inaugurée par la même occasion). Il a été publié dans  Awal. Cahiers d’études berbères, n° 40-41 (2009-2010), p. 208-211, et repris dans Le 5, allée Jacques-Berque, Nantes, Coiffard, 2011, p. 41-46.

Légende de Jakbirk aux Aït Mhand

par Augustin Berque

Résumé – Ce texte rend compte de la découverte faite lors d’un séjour en avril 2007 dans les Seksawa, sur le terrain où Jacques Berque, deux générations auparavant, avait préparé sa thèse Structures sociales du Haut-Atlas alors qu’il était contrôleur civil de la circonscription d’Imintanout (1947-1953) : la légende du hakim Jakbirk était désormais inscrite dans ce paysage.

            Legenda, « les choses qu’il faut lire ». Ce qu’il faut lire à propos de ce mot, légende, c’est qu’il a été emprunté à la fin du XIIe siècle au latinlegenda, neutre pluriel substantivé de l’adjectif verbal de legere, « lire », avec le sens de « vie de saint ». Il fallait en principe être clerc, et donc savoir lire, pour dire une légende ; mais en ces temps-là, heureusement, les légendes n’étaient pas seulement écrites en lettres latines sur des parchemins ; elles étaient inscrites en chaque lieu, manifestées par la terre même. Le paysage était donc une morale : chaque lieu y était un enseignement, car les faits du passé y étaient la forme des choses présentes. Seule restriction à ces legenda : il fallait, pour les transmettre, les dire de vive voix. De voix vivante, et non de lettres outre-tombe.

mercredi 12 novembre 2014

Qu’est-ce qu’habiter, au Japon ? / A. Berque

Maison en forêt Karuizawa
Maison en forêt Karuizawa (軽井沢 森の家)
YOSHIMURA Junzo Picture
©Manuel Tardits – à 軽井沢.
source
À paraître dans le catalogue de l’exposition « Japon, l’archipel de la maison », Le Lézard noir, 2014.
AVANT-PROPOS

Qu’est-ce qu’habiter, au Japon ?
par Augustin Berque


            Les maisons que vous allez regarder sont toutes différentes, mais elles ont toutes un trait commun – un trait fondamental, sans lequel ce ne seraient pas des maisons. Or ce trait-là, vous ne le verrez pas. Serait-il caché derrière un mur, dans une penderie, sous le plancher, sur l’autre pan du toit… ? Non ? Regardez mieux. Ou plutôt, non, ne regardez pas, fermez les yeux et imaginez-vous entrer dans l’une de ces maisons. Imaginez vos mouvements, vos sensations (bien entendu, si vous avez déjà l’expérience d’un intérieur nippon – un intérieur vraiment nippon, habité par des Japonais – cela aidera). Touchez, sentez, écoutez bien, soyez tout ouïe…
            Ça y est, vous avez trouvé ? Non ? Alors, je vais vous donner un indice : 諦めますか ?  Ce qui se lit : akiramemasu ka ? et signifie : « vous donnez votre langue au chat ? » ...

mercredi 5 novembre 2014

Point de parole et paysage / A. Berque

Mont Fuji Paru dans Revue des sciences humaines,
282 (2/2006), p. 29-40.

POINT DE PAROLE ET PAYSAGE
DANS LE HAÏKU
par Augustin BERQUE

École des hautes études en sciences sociales / CNRS