mercredi 29 novembre 2017

Voir comme : de paysage en mésologie / Augustin Berque

Landscape of Fukakusa, southern Dinstinct of Kyoto (Inshō Dōmoto: 1919)
(source)
Pour un livre d’hommages au Professeur Nakamura Yoshio, dirigé par Cyrille Marlin.

Voir comme

de paysage en mésologie

par Augustin Berque

Résumé –
Le mitate 見立て, ou "voir comme", est l'un des thèmes importants dont NAKAMURA Yoshio traitait dans son Introduction aux études paysagères (Fûkeigaku nyûmon, 1982). Dans la tradition esthétique japonaise, il s'agissait là de voir un certain paysage comme si c'en était un autre, célèbre en peinture ou en littérature. Tout en expliquant en quoi consistait cette tradition esthétique, et en commentant l'interprétation qu'en donne Nakamura,  l'article montre la parenté du mitate avec un principe ontologique essentiel, l'en-tant-que qui, à partir du donné environnemental brut (l'Umgebung d'Uexküll), institue la réalité dans les milieux du vivant en général, et dans les milieux humains en particulier.


Plan§ 1. L’Introduction aux études paysagères ; § 2. Le mitate (voir comme) ; § 3. Interpréter le mitate ; § 4. De « comme » en « en tant que » ; § 5. Exister en tant que la réalité.

mercredi 15 novembre 2017

Renouer avec la Terre

Institut d’art contemporain (IAC) de Villeurbanne / Cycle de recherches Vers un monde cosmomorphe, station 12 Pratiques cosmomorphes et milieux asiatiques / Conférence du 3 novembre 2017

Renouer avec la Terre

Cosmologie de l’agriculture naturelle selon Fukuoka

par Augustin Berque

1. Le propos général
Rappelons d’abord la perspective générale dans laquelle se place cette conférence. L’invitation de Nathalie Ergino, Directrice de l’IAC, dans un courriel du 12 juillet 2017, définissait la journée d’études Station 12Pratiques cosmomophes comme «  rassembl[ant] chercheurs et artistes autour d’une multiplicité de pratiques tendant à rendre manifestes les liens de coexistence entre le vivant et son milieu. Faisant suite aux recherches transdisciplinaires amorcées depuis fin 2016, cette Station se fonde sur l’émergence d’alternatives aux perspectives modernistes occidentales. Sous le prisme de la pensée asiatique, elle propose de réévaluer notre conception de l’environnement non plus comme objet séparé de notre pensée mais selon une imprégnation mutuelle avec ceux qui l’habitent ». Dans un courriel précédent (7 octobre 2016), Mme Ergino m’informait que, plus généralement, ces « stations » visent à « se séparer d’une vision anthropocentrique du monde pour appréhender la notion d’un univers organiquement relié, un monde non plus anthropomorphe mais ‘cosmomorphe’, où l’homme prend acte de sa place relative dans la chaîne du vivant. Les notions de coexistence dynamique, d’intuition et de recherche collective sont au cœur des préoccupations de cette nouvelle station. De la perception à la fusion, de l’immersion à l’osmose… Aujourd’hui, il nous semble plus que jamais nécessaire de renouveler et de partager une multiplicité d’approches. »  
            Voilà un objectif qui, clairement, rencontre celui de le mésologie que je professe en tant que telle depuis mon premier essai sur le milieu japonais, Le Sauvage et l’artifice (1986). C’est en effet dans ce livre que j’ai mis en avant les deux concepts centraux de ce que j’entends par ce terme de « mésologie » : la médiance et la trajection, dont justement Mme Ergino m’a demandé de vous parler aujourd’hui. Par la suite, la théorie s’est étoffée, d’autres concepts en sont dérivés, nécessitant en fin de compte que je rédige un Glossaire de la mésologie dans la perspective du colloque sur la mésologie qui a eu lieu l’été dernier à Cerisy-la-Salle. Ce glossaire est consultable en ligne. C’est un vocabulaire technique, au premier abord un peu jargonnesque, mais dont l’essentiel tourne autour des trois mots milieu, médiance, et trajection.
            Toutefois, ce n’est pas d’un commentaire de ces concepts que je partirai aujourd’hui, mais plutôt de l’intitulé de votre journée d’études : « pratiques cosmomophes ». 

mercredi 8 novembre 2017

Trajection et réalité / Augustin Berque

Le cycle (ou chaine) fondamentale de la documentation
(source)
La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?
 Colloque international, Cerisy-la-Salle, 30 août-6 septembre 2017

Trajection et réalité

par Augustin BERQUE

Résumé : Du point de vue de la mésologie, la réalité n’est ni objective, ni subjective ; entre ces deux pôles théoriques, elle est trajective. Le concept de trajection m’est venu à partir de la notion de mitate : voir non-A en tant que A. Via la logique du prédicat de Nishida, j’en suis arrivé à définir la réalité comme la trajection (par les sens, l’action, la pensée, le langage) de S en tant que P, ce qui permet la synthèse entre logique du sujet (Aristote) et logique du prédicat (Nishida), et, avec la notion de chaîne trajective : (((S/P)/P’)/P’’)P’’’…, de prendre en compte l’histoire et l’évolution. J’ai opéré une série de rapprochements entre la trajection et la tonation (Tönung) chez Uexküll, les chaînes sémiologiques chez Barthes, le als (en tant que) chez Heidegger, voire en direction de la chimie et de la physique. Il s’agit ici d’ordonner ces divers rapprochements en une véritable construction de la réalité (le milieu) à partir du réel (l’environnement).

mercredi 25 octobre 2017

Faire suivre (L'adresse du réel) / A. Berque

Reality and Reflection (Ivan Sagito: 1988, source)
Faire suivre

Compte rendu de Jocelyn Benoist L’adresse du réel Paris, Vrin, 2017, 372 p.

par Augustin Berque

            Voilà bien ce que Piaget aurait appelé un livre d’agrégé de philo. Cela consiste essentiellement à discuter un philosophe qui discute un philosophe qui… etc.,  en cercle disciplinaire. Or le thème de ce livre, c’est « le réel », et même, literatim (puisque c’en est justement le titre), « l’adresse du réel ». C’est donc annoncer – et c’est bien pour cela que j’ai souhaité lire ce livre – que l’on va nous dire où habite le réel. Serait-ce dans ledit cercle ? Voire.

mercredi 26 juillet 2017

Trajective chains in mesology / Augustin Berque

The Merchant Navy: The chain-locker (Henry Carr: 1942)
source
The International Society for the Philosophy of Chemistry (ISPC)
Colloque international de philosophie de la chimie, Paris, 3-6 juillet 2017

Trajective chains in mesology

von Neumann chains in physics, etc. – and in chemistry ?

by Augustin BERQUE

Abstract – The leading idea of mesology (the study of milieux) originates in Plato's Timaeus, with the paradoxical relationship of chôra (milieu) and genesis (relative being), which are posed as both an imprint and a matrix of each other. Though  foreboded, the idea of milieu was locked out by Plato's rationalism, because it infriges the principle of the excluded middle : A (an imprint) cannot be non-A (a matrix), and there is no third term, both A and non-A. After Uexküll, who proved experimentally that an animal and its proprer milieu (Umwelt, not to be confused with the general data of the environment, Umgebung) are precisely in such a relationship, and after Watsuji, who, as for the human, named this relationship fûdosei (mediance) and defined it as the structural moment of human existence, mesology has logically and ontologically formulated empirical reality r (that of concrete milieux)  in the following way : r = S/P, which reads "reality r is the subject S as the predicate P". Reality is neither S (the Real in itself) nor P (a subjective representation), but emerges in a process called trajective chain by dint of which, indefinitely, S is assumed as P, producing S/P, which in its turn is hypostasized into S' by P', and so on in the following way : (((S/P)/P')/P'')/P'''... etc.  Homologous chains have been observed also in physics, and named "Neumann chains". Then what about chemistry?
Plan – § 1. Starting up mesology ; § 2. The establishment of mesology ; § 3. Mediance and trajective chains ; § 4. Trajective chains, semiologic chains, von Neumann chains ; § 5. Chemistry in the concrete milieux of the Ecumene.

mercredi 19 juillet 2017

dialogues mésologiques / Augustin Berque


Vient de paraître

dialogues mésologiques

éditions éoliennes / Augustin Berque

Là, sur les bords de l’Yvette Sur les bords de l’Yvette, un vieux monsieur très savant, le Dr No, et sa petite- lle Mélissa, lycéenne en seconde, parlent de mésologie – la science des milieux, c’est-à- dire de la relation spéci que que tout être vivant crée avec son environnement. Alors que l’environnement est universel – le même pour tous –, le milieu est singulier, que ce soit à l’échelle de l’espèce – le milieu d’un ragondin n’est pas celui d’un canard, bien qu’ils vivent côte-à-côte dans la même rivière – ou à l’échelle des organismes ; et, dans le cas de l’humain, que ce soit à l’échelle des personnes comme à celle des cultures: un même donné environnemental pourra être perçu et utilisé de manières très di érentes par des sociétés di érentes, et dans un même environnement, deux personnes pourront vivre dans deux milieux très di érents. La découverte de cette spéci cité des milieux a révolutionné les sciences de la nature au xxe siècle, avec les travaux du naturaliste balte Jakob von Uexküll (1864-1944), et du philosophe japonais Tetsurô Watsuji (1889-1960). Les perspectives nouvelles sur la nature et sur l’existence humaine qui découlent de leur mésologie sont ici même – sur les bords de l’Yvette – mises à la portée de tous dans une suite de dialogues entre Mélissa et son grand-père, où s’invitent tour à tour, ctivement, quelques-uns des grands noms de la mésologie : Uexküll et Watsuji, bien sûr, mais aussi quelques autres savants qui ont fait de la mésologie sans le savoir. Le tout, sous l’œil du roi de l’Yvette... le ragondin.

mercredi 12 juillet 2017

Le Poète et la Panthère / Isabelle Favre

Traité des couleurs de Goethe
(1809, aquarelle - Goethe-Museum Frankfort)
Séminaire Mésologiques, 10 mars 2017 

Le Poète et la Panthère

ou le Paysage comme Expérience

Isabelle Favre

Dans sa Théorie de la Signification, publiée à la suite de Mondes animaux et monde humain, Jakob von Uexküll écrit au début du tout dernier chapitre, intitulé Le Progrès : 
« Ce progrès, tant vanté, qui est censé conduire les êtres vivants d’une origine imparfaite à un état de perfection toujours plus élevé, n’est-il pas au fond une vue de petits-bourgeois qui spéculent sur le bénéfice croissant d’une bonne affaire ? ». 
J’interpréterais volontiers cette phrase comme l’intuition des transformations qui nous dépassent, en nous faisant entrer dans l’Anthropocène. Anthropos apparaitrait alors sous les traits de petits bourgeois spéculateurs, peu importe leur affaire pourvu qu’elle soit bonne. Certains de leurs contemporains pourtant restent passionnés par la compréhension et l’expression de la forme. Qu’elle soit forme de vie ou de langage, cette passion implique curiosité et reconnaissance d’une altérité. Uexküll achève ainsi son chapitre sur Le Progrès :
« Ce n’est pas l’expansion de notre milieu de vie à des millions d’années-lumière qui nous élève au-dessus de nous-mêmes, mais la reconnaissance qu’aux côtés de notre milieu personnel se lovent dans un plan commun les milieux de nos frères humains et animaux. » 
Uexküll utilise bien le mot « Mitbrüder » (frères).
Dans mon exposé, je souhaite mettre au jour les figures de ce plan commun, puis observer dans quelle mesure le "paysage", un mot apparu il y a 500 ans, peut nous permettre d’en faire l’expérience.

mercredi 5 juillet 2017

Cruelle Arcadie. Genèse d’un paysage / Ursula Wieser Benedetti

Vue de Stowe House par George Bickham (1750)
(source)
Séminaire Mésologiques V :
La genèse des milieux humains : anthropisation, humanisation, hominisation
École des Hautes Études en Sciences Sociales
12 mai 2017

Cruelle Arcadie

Genèse d’un paysage : les grands jardins paysagers et la transformation de la campagne anglaise aux 18e et 19e siècles


Par Ursula Wieser Benedetti

Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui et je remercie les organisateurs de m'avoir invitée. Je vais vous parler aujourd'hui des jardins paysagers et de la transformation de la campagne anglaise aux 18e et 19e siècles, en tentant de mettre en évidence les dynamiques d'anthropisation, d'humanisation et d'hominisation qui ont accompagné ces développements. Le titre de mon intervention est « Cruelle Arcadie », ce qui laisse sans doute déjà entrevoir la direction dans laquelle je vais me diriger, et je vais essayer de mettre en lumière la corrélation forte qui existe entre jardins paysagers, transformation du paysage et révolution industrielle, cette révolution qui a pris naissance en Grande-Bretagne durant la seconde moitié du 18e siècle. Ces jardins paysagers d'aspect plutôt bucolique, harmonieux et « naturel » ne laissent peut-être pas soupçonner de manière évidente leur corrélation avec l'industrialisation, mais ce lien est fort, et c'est ce dont je vais vous parler aujourd'hui.

mercredi 28 juin 2017

Chaînes sémiologiques et production de la réalité / A. Berque

The Exaltation of the Arts (Jan Leyniers, 1660)
Brussels Manufactory (tapestry)
Congrès de l’Association française de sémiotique
Greimas aujourd’hui : l’avenir de la structure
UNESCO, Paris, 30 mai – 2 juin 2017
Chaînes sémiologiques et production de la réalité
par Augustin Berque


Résumé – La notion barthésienne de « chaîne sémiologique » est ici rapprochée de la notion mésologique de chaîne trajective, et corrélativement de la notion de mitate 見立て (voir un lieu a en tant que lieu b) et de la « logique du lieu » (dite également « logique du prédicat ») de Nishida. Dans cette optique, la réalité se définira comme la trajection (par les sens, l'action, la pensée, le langage) de S en tant que P, soit la formule r = S/P, ce qui permet la synthèse entre logique de l'identité du sujet (Aristote) et logique de l'identité du prédicat (Nishida). La notion de chaîne trajective, soit la formule (((S/P)/P')/P'')P'''..., permet de prendre en compte l'histoire et l'évolution. S'ensuivent une série de rapprochements entre les chaînes sémiologiques barthésiennes, la tonation (Tönung) chez Uexküll, la sémiose chez Peirth, voire la physique chez Heisenberg. Il s'agira ici d'ordonner ces divers rapprochements en tant que production de la réalité (le milieu, Umwelt) à partir du Réel (l'environnement, Umgebung), et réciproquement.

mercredi 21 juin 2017

Vivre avec les catastrophes (Yoann Moreau) / Clément Lefranc

La Vague, Plantu (source)
Recension de Clément Lefranc
Sciences humaines N° 294 - juillet 2017

Vivre avec les catastrophes

Yoann Moreau, Paris: Puf, 2017

Par définition, ou presque, les catastrophes naturelles qui emportent des vies, détruisent des territoires, abîment le monde, sont des événements imprévisibles. Figure funeste par excellence, la catastrophe est toujours suivie d’un moment de sidération, puis d’efforts d’élucidation pour en comprendre les causes et les conséquences suivis, très souvent, de controverses multiples. Partant de ce cadre général, l’auteur entre dans le vif de cas exemplaires (le séisme d’Edo en 1855, l’éruption volcanique d’Ambrym en 1892, l’éruption de l’Etna en 1991, le glissement de terrain de Vargas en 1999) pour examiner une thèse forte : même si ce qui est arrivé était impossible à envisager, la seule manière de panser les plaies consiste, collectivement, à construire un sens à la catastrophe. À défaut, il est impossible d’accepter l’inacceptable et de se projeter ensemble vers l’avenir. Signé par un physicien devenu anthropologue, spécialiste des modes d’existence en situation extrême, l’ouvrage renouvelle le genre. Il propose d’abord de restituer chaque catastrophe étudiée dans sa texture géographique, historique et sociale singulière. Il forge ensuite une nouvelle grammaire des risques, en insistant en particulier sur l’importance des « remédiations collectives » (mise en place d’espaces de discussion et de disputes, recherches communes d’explications à l’aide de modèles variés…) à défaut desquelles il serait impossible d’apprendre à vivre avec et après les catastrophes.

LIRE/TÉLÉCHARGER L'INTRODUCTION :




mercredi 14 juin 2017

Feux et lieux de l’humanité sur la Terre / A. Berque

Scene from the Quaternary upper Paleolithic Period
José María Velasc (XIXe, Museo Nacional de Arte)
source
Paru dans Thérèse VIAN-MONTOVANI (dir.) Frans Krajcberg. Destruction Destruição, Pau, Materia Prima, 2005, p. 31-43.

Feux et lieux de l’humanité sur la Terre

par Augustin BERQUE

Se combinant avec l’oxygène, un atome perd des électrons. Hypnotisé par le phénomène, le héros de La Guerre du feu, Naoh, prononce, avec son bel accent paléolithique, le mot atrrr ; et cela nous réchauffe le cœur, parce que nous autres tenons de nos ancêtres latins la coutume de paver le lieu du feu : l’âtre, mot qui vient d’astracus, « carrelage ». Il semble du reste qu’on se soit servi à l’origine de coquillages pour ce faire, puisqu’astracus vient lui-même d’ostreum,  « huître ». Quant à nous, réunis devant l’âtre de génération en génération, nous en avons gardé le sentiment qu’un foyer humain, cela commence par un feu.  Autrement dit, par un phénomène d’oxydation : une combinaison avec l’oxygène dans laquelle certains corps, tel le bois, dégagent simultanément chaleur, lumière et flamme. Ils brûlent.

mercredi 7 juin 2017

Retournement du monde et émergence de shanshui / Nan Liu

Séminaire Mésologiques V :
La genèse des milieux humains : anthropisation, humanisation, hominisation
École des Hautes Études en Sciences Sociales
12 mai 2017

Couleurs automnales sur les Monts Que et Hua (鵲華秋色),
Zhao Mengfu (趙孟頫)

Retournement du monde et émergence de shanshui :

sur l’érémitisme et la recherche d’immortalité dans les milieux lettrés en Chine des Wei-Jin (220-420)


Par Nan Liu

        Le shanshui 山水, « montagnes-eaux », motif intrinsèque de l’art lettré en Chine, qui pourrait correspondre au sens étroit au paysage littéraire et pictural en tant que représentation. Comme le montrent les peintures de shanshui, les montagnes et les eaux constituent un macrocosme de pics et de vallées, de forêts et de torrents, où apparaissent des personnages miniatures mais indispensables pour indiquer que ce macrocosme est un lieu de vie humaine. Plutôt que les montagnes-eaux coupés en elles-mêmes, on observe bien souvent des hommes contemplatifs dans le paysage, ayant une allure digne, dont le regard, instauré à l’intérieur du tableau, suggère un rapport entre l’homme et le paysage qu’il a devant lui, mais qui ne figure pas nécessairement devant les spectateurs. Demandons-nous qui sont ces hommes ? Quels types de rapport ont-ils avec ce milieu ? Ainsi, nous remontons à l’émergence des montagnes-eaux en abordant deux facteurs à savoir deux mouvements et tendances – l’érémitisme et la recherche d’immortalité – dans les milieux lettrés de l’époque des Wei-Jin , qui témoignent de l’invention de shanshui.