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mardi 29 septembre 2020

Au delà de Kipling

Time cover, 27 sept. 1926
Conférence, pour le 90 e anniversaire de la Maison du Japon, à la Cité internationale universitaire de Paris, 26 octobre 2019.

Au delà de Kipling

par Augustin Berque

The Ballad of East and West, poème que Rudyard Kipling publia en 1889, commence par ce vers devenu proverbial: 
"Oh, East is East, and West is West, and never the twain shall meet" 
Peu importe que la suite du poème montre qu’au contraire, deux hommes d’honneur – un brigand afghan et un officier britannique – peuvent se comprendre et s’apprécier mutuellement ; c’est le premier vers qui compte, à tel point que c’est aujourd’hui une expression usuelle dans le monde anglophone, équivalant aux locutions « comme chien et chat » en français ou ken.en no naka 犬猿の仲 (il s’entendent comme chien et singe) en japonais, signifiant que deux choses ou deux personnes sont à jamais inconciliables. C’est ainsi que l’édition 2002 du McGraw-Hill Dictionary of American Idioms donne cet exemple (il s’agit là de deux personnes qui ne sont pasd’accord politiquement) : « In our case, I’m afraid that East is East and West is West ».

mercredi 21 janvier 2015

Existe-t-il une rationalité non cartésienne au Japon ? / A. Berque

Interior Passage in the Colosseum François Diday
Interior Passage in the Colosseum
François Diday (1802-1877)
(The metropolitan museum of art)
Colloque international Fortune de la philosophie cartésienne au Japon
– Université libre de Bruxelles, 16-17 octobre 2014 –

Existe-t-il une rationalité non cartésienne au Japon ?

– vers une issue à l’acosmie bas-moderne –

Augustin BERQUE


Résumé – Si le cogito, et à sa suite le sujet moderne, a prétendu affranchir son être de tout lieu et de tout milieu, NISHIDA Kitarô (1870-1945), et à sa suite l'école de Kyôto, a prétendu à l'inverse subsumer l'être dans le lieu ou le milieu (basho). Ce culbutage du paradigme occidental moderne classique fascine toujours de nombreux philosophes, tant japonais qu'étrangers. Effectivement, il peut sembler remédier au défaut essentiel de ce paradigme, qui à force d'abstraire le sujet humain de son milieu en est arrivé à menacer la possibilité de son existence même sur la planète Terre. Il mène toutefois à l'excès inverse : un ethnocentrisme mystique incapable de prendre en compte rationnellement les problèmes concrets de l'existence humaine dans son milieu terrestre (l'écoumène). On cherchera ici une voie moyenne entre ces deux extrêmes, dans le fil de la mésologie de Jakob von UEXKÜLL (1864-1944) et de WATSUJI Tetsurô (1889-1960) .

mardi 10 septembre 2013

Puissance des formes, être des lieux / A. Berque

Trois racines, Saint-Cloud (1906) par Eugène Atge
Trois racines, Saint-Cloud (1906)
par Eugène Atget, Musée J. Paul Getty
(source)
Conférence à Cantercel (sens-espace@cantercel.org) le jeudi 18 juillet 2013

Puissance des formes, être des lieux : l’organicité des milieux humains

par Augustin Berque

            L’organique a un rapport avec la vie (en anglais organic farming correspond à notre « agriculture bio »). L’idée d’organicité en architecture s’opposera donc au fonctionnalisme mécaniste né du dualisme moderne. Il ne s’agit pas de retomber dans un animisme prémoderne ou dans un vitalisme ascientifique, mais de comprendre que les formes qui nous entourent, celles de notre milieu, ont un rapport intime avec notre vie. Commençons par ne pas confondre « milieu » (Umwelt, chez Uexküll), ce qui suppose l’existence d’un sujet individuel ou collectif, humain ou non-humain, et « environnement » (Umgebung), ce qui est un simple donné objectifié du « point de vue de nulle part » que s’est donné la science. La mésologie, étude des milieux, n’est pas l’écologie, étude de l’environnement.

mercredi 20 février 2013

La biodiversité et l'ordre moral / A. Berque

Paysage paradisiaque avec des animaux Jan Breughel II
 Paysage paradisiaque avec des animaux, Jan Breughel II (1613 - 1615)
(source)
Centro internazionale di studi interculturali di semiotica e morfologia. Università di Urbino, I giorni della biodiversità, 15 dicembre 2010

La biodiversité comme impératif moral

– de l’histoire naturelle à une histoire humaine –

par Augustin BERQUE
 
Résumé - À partir d'une réflexion sur les analogies que présentent la théorie des milieux humains chez WATSUJI Tetsurô et celle des milieux animaux chez Jacob von UEXKÜLL, on présente l'hypothèse d'une contingence exponentielle inhérente à l'histoire naturelle comme à l'histoire humaine, et dont l'effet concret a été d’un côté une diversité toujours plus grande (sauf extinction massive), tant des espèces vivantes que des cultures humaines, et de l’autre côté une interrelation structurelle entre l’existence de tout sujet (individu, société, espèce) et celle de son milieu propre, ainsi chargé de toutes les valeurs existentielles de ce sujet ; en particulier, pour l’humain, de ses valeurs morales. Le mécanicisme du paradigme occidental moderne-classique a engendré une tendance inverse, toujours plus accentuée, qui aujourd'hui atteint l'allure d'une extinction massive sous ces deux aspects : d’un côté, ravage de la diversité des espèces vivantes et des cultures humaines ; de l’autre, neutralisation de toutes les valeurs au nom d’un objectivisme qui n’est, en fait, qu’une forclusion de la moitié de l’être (sa part existentielle). On se livre à quelques spéculations quant aux raisons de cette tendance et à la possibilité de la renverser pour retrouver le fil de la nature et de l'histoire, donc de la diversité, ce qui de ce point de vue est un impératif moral.

mercredi 3 octobre 2012

La case de l'oncle TOM / A. Berque

Van Gogh Maisons à Auvers,
Van Gogh, Maisons à Auvers, 1890
(Source)
Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée.
Les mercredis du paysage. Narbonne, Palais des Archevêques, 26 septembre 2012

La maison délicieuse dans le paysage

Compte rendu par Augustin Berque

Le cycle est introduit par Mme Nicole Cathala, Adjointe au Maire Déléguée à la culture et au patrimoine ; puis Mme Marion Thiba, Chargée de mission « Culture et Patrimoine » au Parc naturel régional présente le conférencier. Augustin Berque, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, est entre autres l’auteur de La pensée paysagère (Archibooks, 2008) et de Histoire de l’habitat idéal, de l’Orient vers l’Occident (Le Félin, 2010).

A. Berque commence par expliquer l’expression « maison délicieuse ». Celle-ci a été employée par l’abbé Marc-Antoine Laugier, SJ, dans son Essai sur l’architecture (1753), à propos de la description faite par le père Attiret, jésuite également, de l’une des fabriques du parc impérial Yuanmingyuan (« Jardin de la clarté parfaite »), près de Pékin, dans une lettre qui a notablement influencé non seulement le style des jardins anglo-chinois dans l’Europe des Lumières, mais, au-delà, le goût qui allait se développer en Occident aux deux siècles suivants pour la maison individuelle hors la ville, au plus près de « la nature ».