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mercredi 16 avril 2014

Poisson
Ebisu n° 49 (printemps-été 2013)
 

Tétralemme et milieu humain

– la mésologie à la lumière de Yamauchi 


par Augustin BERQUE

Résumé – On rapproche les principaux concepts de la mésologie – prise, médiance, trajection… – de la logique du lemme mise en avant par Yamauchi Tokuryû dans Logos et lemme. L’ordre où celui-ci, dans le tétralemme, place la binégation avant la biassertion, en particulier, est rapproché de la définition de la réalité des milieux comme r = S/P (S en tant que P). La logique des milieux (vivants en général ou humains en particulier) serait donc une lemmique.
Mots clefs – Lemme, médiance, milieu, prise, tétralemme, trajection, Yamauchi.

mercredi 24 avril 2013

Humaniser et naturaliser / A. Berque

Quatre saisons, une tête, Arcimboldo
Quatre saisons, une tête, Arcimboldo (1590)
(source)
Institut d’études avancées de Nantes. Conférence, mardi 16 avril 2013
Humaniser la nature, naturaliser l’humain aujourd’hui
par Augustin Berque

Résumé


Cette formule d’inspiration marxienne [0] veut exprimer une triple urgence. Celle, d’abord, de recosmiser notre existence ; car l’exaltation du sujet individuel moderne a entraîné une décosmisation qui à terme est mortelle, aucun être ne pouvant vivre sans un monde commun (kosmos). Celle, ensuite, de reconcrétiser les mots et les choses, en les remettant dans le fil de leur histoire commune (leur croître-ensemble : concrescence) ; car l’arrêt sur objet propre à la modernité aboutit à dépouiller les choses de leur sens, faisant notamment du langage une aporie. Enfin, celle de réembrayer nature et culture, en passant nécessairement par la question du rapport entre histoire et subjectivité, ce à tous les degrés de l’être, allant, par l’évolution, de la vie la plus primitive jusqu’à la conscience la plus humaine. Recosmiser, reconcrétiser, réembrayer : devant ces trois urgences, la pensée occidentale est aujourd’hui plombée par ce qui hier a fait sa force : la structure mère sujet-verbe-complément, qui à partir de la langue a orienté notre logique (avec le modèle sujet-prédicat), notre métaphysique (avec l’identité de l’être) et, de là, notre science (avec l’en-soi de l’objet), toutes fondées sur le double principe d’identité et de tiers exclu, c’est-à-dire sur la forclusion du symbolique. Des exemples tels que la langue japonaise, dont la structure mère était d’un autre genre, ou que le tétralemme développé par les penseurs indiens, qui inclut systématiquement le tiers, nous suggèrent la voie qui nous permettra de dépasser les apories de la modernité.

mercredi 21 novembre 2012

Boucles étranges de l'ontogenèse / A. Berque (english)

Zorns Lemma Hollis Frampton
Zorns Lemma, Hollis Frampton, 1970 (capture d'écran)
University of Tokyo Center for Philosophy Lectures. Komaba Campus, 6 November 2012

Mesology

in the light of Yamanouchi Tokuryû’s Logos and lemma

by Augustin BERQUE


要約 – 風土論の中心概念(手懸り、風土性、通態化…)は山内得立が『ロゴスとレンマ』において提案したレンマの論理と比較される。特に、彼が四句分別における第 三のレンマを二重肯定ではなく、二重否定にしたことは風土論におけるr = S/P(PとしてのS)という現実の定義との類似が指摘される。要するに、人間の風土や生物の環世界の論理はレンマ的論理であろうと推定される。

Abstract – An analogy is drawn between the main concepts of mesology – affordance, mediance, trajection… – and the logic of lemma put forward by Yamanouchi Tokuryu in Logos and lemma. In particular, a comparison is made between the order in which he puts, in the tetralemma, binegation before biassertion, and the definition of the reality of a milieu as r = S/P (S taken as P). The logic of milieux (those of the living in general as well as those of the human in particular) would then be a lemmic.

キワード – 四句分別、通態化、手懸り、風土、風土性、山内得立 、レンマ。
Key words – Affordance, lemma, mediance, milieu, tetralemma, trajection, Yamanouchi.

jeudi 12 janvier 2012

Comment souffle l’esprit sur la terre nippone / Augustin Berque

Le Jōmon Sugi (縄文杉) sur l'île de Yakushima
Le Jōmon Sugi (縄文杉) sur l'île de Yakushima
Colloque Spiritualités japonaises. Bruxelles, Palais des Académies, 21-23 septembre 2011

Comment souffle l’esprit sur la terre nippone

par Augustin Berque

Résumé : Le mot qui en japonais désigne un milieu humain, fûdo, s'écrit avec deux sinogrammes associant le vent et la terre. Le vent désigne ici à la fois les phénomènes météorologiques et les moeurs d'un pays, la terre étant quant à elle ce qui fonde et localise tout cela dans la nature. On peut, métaphoriquement, rapprocher ce rapport  terre/vent du rapport entre sujet S (la base substantielle) et prédicat P (la manière insubstantielle de saisir cette base), ainsi que du "litige" (Streit) heideggérien entre terre et monde, voire du rapport nature/culture. Dans ce rapport, la terre S est assumée en tant que monde P. Ce rapport vaut pour tous les milieux humains, dont il produit la réalité (S/P, i.e. S saisi en tant que P). Il est toutefois insaisissable dans le cadre du dualisme occidental moderne classique, pour lequel la terre ne peut être qu'un objet (S) abstrait idéalement de tout prédicat humain (autrement dit un S sans P), que ce dernier soit matériel (tels les systèmes techniques), charnel ou spirituel (tels les systèmes symboliques). La faille logique de ce dualisme, qui absolutise l'objet (i.e. S), est que l'existence même de S suppose nécessairement qu'il soit saisi (prédiqué) en tant que quelque chose par une instance humaine. La "logique du prédicat" mise en avant par Nishida ne combla nullement cette faille ; elle ne fit que culbuter le parti scientifique (l'absolutisation de S) en un parti mystique (l'absolutisation de P). Au delà de cette symétrique impasse, il s'agira ici de sonder la possibilité d'interpréter la constitution de la réalité, et plus spécialement la symbolicité des choses, comme une concrétisation du tétralemme nagarjunien, qui fut introduit au Japon par le bouddhisme du Grand Véhicule et s'y exprima notamment dans le zen.

jeudi 5 janvier 2012

La chôra chez Platon / Augustin Berque

Platon par Raphaël
Platon, détail de L'École d'Athènes, par Raphaël
Paru dans Thierry PAQUOT et Chris YOUNÈS (dir.) Espace et lieu dans la pensée occidentale, Paris, La Découverte, 2012, 316 p., p. 13-27. 

La chôra chez Platon

par Augustin BERQUE

Résumé : Le thème de la chôra dans le Timée de Platon aboutit à une aporie : ce troisième genre d’être, à la fois empreinte et matrice du devenir, et qui n’est ni l’être absolu ni l’être relatif, reste finalement impensable. Il est ici interprété comme le milieu concret où existe l’être relatif. Ce milieu est inintelligible parce qu’il ne relève pas de la raison dont l’idéalisme platonicien est en train d’instaurer le règne, évinçant celui du mythe, autrement dit celui de la symbolicité, comme l’illustrera le bannissement des poètes hors de la République. Dans le symbole en effet, A est toujours aussi non-A, ce que n’admet pas le principe du tiers exclu, qui va gouverner la raison occidentale jusqu’à la découverte de l’intrication quantique. Du même coup, la pensée de la chôra s’est trouvée forclose, au bénéfice du topos aristotélicien. Or les tétralemmes que les logiciens indiens vont mettre au point aux alentours du IIIe siècle permettent justement d’inclure le tiers. Le quatrième lemme en particulier (à la fois A et non-A) correspond justement au symbole. On conclut en postulant que le tétralemme fournit l’armature logique permettant à la raison de reconnaître la concrétude des milieux humains, si longtemps forclose par le principe du tiers exclu. 

mercredi 4 janvier 2012

"Logos et Lemme" de Yamanouchi Tokuryû / Augustin Berque


Yamauchi Tokuryû

YAMANOUCHI Tokuryû, Logos et lemme

( 山内得立著『ロゴスとレンマ』)

Tokyo, Iwanami, 1974, 380 p.
Condensé partiel et commentaire, par Augustin Berque. 

Les insertions entre crochets sont soit des remarques d’A. Berque à propos du texte de Yamanouchi, soit des citations d’autres ouvrages. Tout le texte qui suit est un travail en chantier, ne visant qu’à amorcer des pistes de recherche, donc à ne pas citer. Les traductions rendant diverses terminologies (bouddhiques en particulier) très spécialisées, beaucoup sont à revoir ou à gloser davantage. Certains signes diacritiques du sanscrit ne sont pas notés, donc les transcriptions sont à revoir.

Logique du champ, de l’interdépendance et du milieu / Augustin Berque


Le jardin de la Trajection
Le jardin de la Trajection
(photo d'A. Berque, sous licence CC)
Séminaire Japarchi, 17 décembre 2011, Nichibunken, Kyôto

Logique du champ, de l’interdépendance et du milieu

( 場と縁と風土の論理 )

exposé d’Augustin Berque

NB Cet exposé a été fait en contrepoint aux notices ba , en et fûdo 風土 du Vocabulaire de la spatialité japonaise dirigé par Philippe Bonnin.

I. AB annonce d’abord que la « logique » en question serait plutôt une « lemmique » ou une « méso-logique », faisant le pont entre les mots et les choses, comme il va s’efforcer de le montrer. « Lemmique » vient du grec lemma (du verbe lambanô, prendre). Dans la théorie des milieux humains ou mésologie, cela s’applique aux « prises » que nous avons sur la réalité, et que la réalité a sur nous[1]. Sur le lemme en général, AB renvoie au livre séminal de YAMANOUCHI Tokuryû, Logos et lemme 山内徳立著『ロゴスとレンマ』, 岩波書店, 1974 (condensé en français dans "Logos et Lemme" de Yamanouchi Tokuryû / Augustin Berque).