lundi 17 octobre 2016

De traduction en trajection / A. Berque

Domenico Ghirlandaio - Saint Jérôme dans son étude
Domenico Ghirlandaio, Saint Jérôme dans son étude
le Saint patron des traducteurs, 1480
(source)
Société française de traductologie
Université d’été franco-japonaise en traductologie
École des hautes études en sciences sociales, 

29 août-2 septembre 2016

De traduction en trajection

aux trois jardins du Tôkaian

Augustin Berque

Résumé : La communication part de mes traductions de Watsuji (Fûdo, le milieu humain, CNRS, 2011 [Fûdo, ningengakuteki kôsatsu, 1935]), d'Imanishi (La liberté dans l’évolution, Wildproject, 2015 [Shutaisei no shinkaron, 1981]) et de Yamauchi (Logos et lemme [Rogosu to renma, 1974], en cours), dans leur rapport avec ma propre élaboration de la mésologie, c’est-à-dire l’étude des milieux dans l’optique inaugurée par l’Umweltlehre d’Uexküll (1864-1944) et le fûdoron de Watsuji (1889-1960) ; optique que l’on peut définir comme une éco-phénoménologie, doublée d’une onto-géographie. L’enjeu n’est autre que de dépasser rationnellement le dualisme moderne, ainsi que le mécanicisme qui en a découlé dans les sciences de la nature, discriminant indéfiniment subjectivité d’une part, mécanicité de l’autre, donc « sciences molles » de l’une, et « sciences dures » de l’autre. Cette entreprise reviendrait à dépasser rationnellement aussi l’incompatibilité historique entre « l’Occident » et « l’Orient ». Traduire les concepts centraux utilisés par Watsuji, Imanishi et Yamauchi posait directement ces problèmes, et a conduit à élaborer en retour ceux de trajection et de chaîne trajective, qui font le lien entre questions de sens et questions de fait, sémiose, histoire, évolution et fondement de la réalité. 
L’objectif à atteindre est quadruple :
- Idéalement, il s’agit de réhumaniser la nature, renaturer l’humain ; à savoir :
- réancrer la subjectité (l’être-sujet) dans la nature, mais sans réductionnisme ;
- refonder l’éthique et l’esthétique dans la nature, mais sans déterminisme ;
- retrouver la Terre, mais sans s’y enterrer.