mercredi 18 septembre 2013

A en tant que Ā : le syllemme de la réalité / A. Berque

Evolution (early 21st century) par Latika Katt
Evolution (early 21st century) par Latika Katt
National Gallery Of Modern Art (NGMA), New Delhi
(source)
Colloque philosophique franco-japonais
Université Dôshisha, Kyôto, 13-14 décembre 2013
A en tant que Ā : le syllemme de la réalité
ĀとしてのA : 現実に於ける即の論理
par Augustin BERQUE

Résumé – Créée en 1848 comme science positive des milieux par un disciple d’Auguste Comte, Charles Robin, mais plus tard écartelée entre sciences de la nature et sciences humaines, la mésologie (環世界学、風土学) s’est étiolée devant l’écologie et a presque disparu au XXe siècle, avant de renaître sous le nom d’Umweltlehre (環世界学) dans les travaux d’Uexküll, et de fûdogaku 風土学dans ceux de Watsuji. Différence radicale avec la mésologie de Robin, celle-ci est une herméneutique dont la condition est la subjectité (主体性) du vivant en général, ou de l’humain en particulier. Le milieu n’est donc pas l’environnement objectif que considère la science écologique ; mais ce n’est pas non plus une simple représentation subjective, parce qu’il existe réellement.  À la fois subjectif et objectif, A et Ā (non-A), il est trajectif (通態的).

mardi 10 septembre 2013

Puissance des formes, être des lieux / A. Berque

Trois racines, Saint-Cloud (1906) par Eugène Atge
Trois racines, Saint-Cloud (1906)
par Eugène Atget, Musée J. Paul Getty
(source)
Conférence à Cantercel (sens-espace@cantercel.org) le jeudi 18 juillet 2013

Puissance des formes, être des lieux : l’organicité des milieux humains

par Augustin Berque

            L’organique a un rapport avec la vie (en anglais organic farming correspond à notre « agriculture bio »). L’idée d’organicité en architecture s’opposera donc au fonctionnalisme mécaniste né du dualisme moderne. Il ne s’agit pas de retomber dans un animisme prémoderne ou dans un vitalisme ascientifique, mais de comprendre que les formes qui nous entourent, celles de notre milieu, ont un rapport intime avec notre vie. Commençons par ne pas confondre « milieu » (Umwelt, chez Uexküll), ce qui suppose l’existence d’un sujet individuel ou collectif, humain ou non-humain, et « environnement » (Umgebung), ce qui est un simple donné objectifié du « point de vue de nulle part » que s’est donné la science. La mésologie, étude des milieux, n’est pas l’écologie, étude de l’environnement.

mercredi 4 septembre 2013

La puissance des formes / A. Berque

Chair, Carlo Bugatti
Chair, Carlo Bugatti (1902)
Musée d’Orsay, Paris
(source)
Colloque Les sciences des formes. Villa Arson, Nice, 8-10 avril 2013

La puissance des formes

par Augustin BERQUE


Résumé – Dans un milieu vivant, et a fortiori dans un milieu humain, la forme d'une chose n'est jamais réductible au contour d'un objet, contrairement au dogme géométrique abstrait que nous devons à la révolution scientifique du XVIIe siècle et à la topo-logique aristotélicienne, qui préfigure l'objet moderne avec l'idée que la chose est exactement délimitée par son topos, tout en étant séparable de celui-ci. La réalité d'une chose, et donc sa forme, se définit dans un tissu relationnel mouvant, qui engage concrètement le sujet comme l'objet, et où cette chose ek-siste nécessairement au delà de son contour matériel. Son être ne s'arrête pas à cette limite, il est toujours en devenir (genesis) dans un certain milieu, comme Platon l'avait pressenti avec la notion de chôra, et comme Heidegger le souligna en posant qu'au contraire, sein Wesen beginnt (son être commence) à partir de cette limite, au lieu de s'y borner. On rapproche ces façons de voir de certaines notions propres à l'Asie orientale, telles que "le grand symbole n'a pas de forme" (da xiang wu xing大象無形) en Chine, ou que les "biens culturels sans forme matérielle" (mukei bunkazai 無形文化財) au Japon.