mercredi 17 décembre 2014

Poétique de l’écoumène, pulsation des choses / I. Favre

Stéphanie Cailleau Pierres Bleues
Stéphanie Cailleau, Pierres Bleues
(source)
Séminaire Mésologiques, CR de la séance du 28 novembre 2014

Poétique de l’écoumène, pulsation des choses

Isabelle Favre

And beauty born of murmuring sound
Shall pass into her face [1]

« Pulsation des choses » : cette expression m’a été inspirée par la lecture de l’anthropologue britannique Tim Ingold, et de sa Brève Histoire des lignes, lorsqu’il tente de définir ce que peut être une ligne abstraite. « Dans son essai Du Spirituel dans l’Art, Kandinsky explique que l’abstraction ne consiste pas à vider une œuvre de son contenu pour n’y laisser qu’un contour vide ou une pure forme géométrique. Elle suppose au contraire l’élimination de tous les éléments figuratifs ne renvoyant qu’à l’extériorité des choses, à savoir leur aspect extérieur, afin de révéler ce qu’il appelle leur « nécessité intérieure » […]. [C’est] la force de vie qui les anime et qui, vu qu’elle nous anime aussi, nous permet d’entrer en contact avec elle et de ressentir leur affectivité et leur pulsation de l’intérieur » [2].

mercredi 10 décembre 2014

La logique du haïku / A. Berque

Calligraphie
source
XXIIIes Lectures sous l’arbre, 17-24 août 2014
21 août, Le Chambon, À l’arbre vagabond

La logique du haïku

Augustin Berque


1. Définir le haïku
            La première édition du Petit Larousse (1906) ignore le haïku. Celle de 2001 le définit comme « Petit poème japonais constitué d’un verset de 17 syllabes ».  Le plus littéraire de nos grands dictionnaires, le Dictionnaire culturel en langue française d’Alain Rey (Le Robert, 2005, 5 vol.), le définit comme « Poème classique japonais de trois vers issu de la strophe nommée haïkaï, dont le premier et le troisième sont pentasyllabiques, le deuxième heptasyllabique (5-7-5, soit 17 syllabes) », et lui consacre en outre un encadré de deux demi-pages, où l’on peut lire entre autres que le haïku « condense une perception fugitive du monde sensible », où  « derrière l’apparente facilité et la spontanéité se cachent une rigueur formelle et une thématique très codifiée, où alternent et se mêlent notations sur la nature, les saisons, les travaux et les jours, les sentiments, comme dans ces trois variations sur l’averse :

mercredi 3 décembre 2014

Can we recosmize architecture ? / A. BERQUE

Filip Dujardin
(c) Filip Dujardin
(source)
JIA 建築家大会岡山2014/9/25-27
基調講演<建築の再コスモス化は可能か>
オギュスタン.ベルク
(英訳/English version)
The Japanese Institute of Architects 2014 Congress, Okayama
Keynote lecture

Can we recosmize architecture ?

Augustin BERQUE

1. Cosmicity and the origin of architecture
A dozen years ago, Rem Koolhaas ended a writing about what he has dubbed junkspace with the following sentence: “The cosmetic is the new cosmic”.[1] Though not dealing with literature, but with architecture and urban space, this text was in itself a perfect sample of junkspace, with not a single indented line in fifteen pages and no perceivable structuring of the prose, constituted with a rambling of assertions such as the following: “It [i.e. junkspace] replaces hierarchy with accumulation, composition with addition.

mardi 2 décembre 2014

Le concept de "spéciété" est-il opératoire ? / A. Berque

Proposed to the International Journal of Contemporary Sociology, special issue on “Sociality, culture and nature”.

Is the concept of speciety
rationally operative ?

by Augustin BERQUE

Monkeys Chao Shao-an
Monkeys (1960-70) Chao Shao-an (Hong Kong Heritage Museum)
(source)

Abstract – The paper discusses the validity of the concept of shushakai put forward by the Japanese naturalist Kinji Imanishi. It proposes to translate this concept with speciety, defining it as the fact of being a species as a society, not as a mere population ; a society endowed with subjecthood, thus possessing its own specific world and evolving in relation to that world, rather than to the environment in general. The point of view is that of mesology, i.e. the study of milieu as distinct from the environment, which is the object of ecology. Mesology in that sense corresponds to Umweltlehre in Uexküll’s sense, and to fûdogaku in Watsuji’s sense.