mercredi 17 juin 2015

Mésologie du haïku / A. Berque

Hanging a Poem on a Cherry Tree, Ishikawa Toyonobu
University of Michigan Museum of Art
(source)
Séminaire « Mésologiques » - Exposé du 12 juin 2015

Mésologie du haïku

Augustin BERQUE

Extrait :
"La première édition du Petit Larousse (1906) ignore le haïku (haiku 俳句). Celle de 2001 le définit comme « Petit poème japonais constitué d’un verset de 17 syllabes ».  Le plus littéraire de nos grands dictionnaires, le Dictionnaire culturel en langue française d’Alain Rey (Le Robert, 2005, 5 vol.), le définit comme « Poème classique japonais de trois vers issu de la strophe nommée haïkaï, dont le premier et le troisième sont pentasyllabiques, le deuxième heptasyllabique (5-7-5, soit 17 syllabes) », et lui consacre en outre un encadré de deux demi-pages, où l’on peut lire entre autres que le haïku « condense une perception fugitive du monde sensible », où  « derrière l’apparente facilité et la spontanéité se cachent une rigueur formelle et une thématique très codifiée, où alternent et se mêlent notations sur la nature, les saisons, les travaux et les jours, les sentiments.
(...)
Du point de vue mésologique, il est significatif que l’ascendance du haïku le rattache au poème en chaîne (renga 連歌). Cette forme poétique illustre en effet l’accent que la culture japonaise a mis sur l’intersubjectivité, autrement dit sur la médiance, ce moment structurel corps animal / corps médial."
  

jeudi 11 juin 2015

Chimie et affordances / Jean-Pierre Llored

The Alchemist (1663, Cornelis Bega)
The J. Paul Getty Museum
(source)
Exposé fait le vendredi 5 juin au séminaire  "Mésologiques" de l'EHESS (14e séance)

Chimie et affordances

Perspectives mésologiques en philosophie des sciences

Jean-Pierre Llored

Résumé de la présentation :
Cette conférence part d’une étude épistémologique, menée en laboratoire de chimie durant la thèse doctorale du conférencier, de plusieurs pratiques chimiques (synthèse de composés à l’échelle nanochimique ; analyse de polluants du sol, des eaux et de l’air ; modélisation d’une molécule par des atomes en chimie quantique, etc.). Ce faisant, elle établit la dépendance mutuelle des corps et des transformations chimiques, ainsi que le rôle constitutif et inéliminable des modes d’intervention et des milieux dans la constitution et la définition de ce à quoi les chimistes disent avoir affaire : corps et matériaux. Elle montre comment les chimistes dépassent aussi bien le holisme qui déduit les parties du tout que le réductionnisme qui réduit le tout à ses parties, en incluant, de façon bien souvent pragmatique, le milieu associé dans leurs savoir-faire et raisonnements. Cette enquête empirique ouvre des perspectives mésologiques en philosophie des sciences dans la mesure où le corps chimique peut être appréhendé non comme une « sub-stance », mais comme une « ex-stance » comme le proposait Bachelard, ou comme une « affordance » ; concept gibsonien dont le contenu sera interrogé et redéfini, ici, à l’aune de la chimie.

mardi 2 juin 2015

Formes empreintes, formes matrices, Asie orientale / Augustin Berque

Parution

Formes empreintes, formes matrices, Asie orientale

Augustin Berque

Résumé

La problématique du milieu a débuté en ce qui me concerne avec un séminaire collectif organisé en 1983-1984 à l’Ehess sur le thème «paysage empreinte, paysage matrice». Empreinte parce que, par la technique, les formes paysagères portent la marque des œuvres humaines (c’est l’anthropisation de l’environnement); matrice parce que, par le symbole, elles influencent nos manières de percevoir, de penser et d’agir (c’est l’humanisation de l’environnement); ce qui, à l’échelle de l’espèce, par effet en retour, a même entraîné l’hominisation (l’on adopte ici la thèse de Leroi-Gourhan).