mercredi 22 septembre 2021

De l’insecte nippon / Augustin BERQUE


D i c t i o n n a i r e   c u l t u r e l   e t   l i t t é r a i r e  d e s  i n s e c t e s, sous la direction de Bruno CORBARA, Yvan DANIEL et Alain MONTANDON aux éditions Honoré Champion, Paris  

De l’insecte nippon 

par Augustin BERQUE

Pour ces habitants de l’arc insulaire nippon, les Japonais, l’insecte existe sous le nom de mushi, rendu sémantiquement par le sinogramme 虫 ainsi que, phonétiquement, par les hiraganas むし et les katakanasムシ, sans compter les caractères latins de leurs divers noms scientifiques ; par exemple Graptopsaltria nigrofuscata, communément appelée « cigale-huile », aburazemi (アブラゼミ, transcrit油蟬 ou鳴蜩). 

Bien entendu, avant ces formes écrites, l’insecte existe sous diverses manifestations moins lettrées, notamment sonores. C’est ainsi que G. nigrofuscata, pour sa part, émet un son rendu par l’onomatopée jii-jii, laquelle s’applique également au grésillement de l’huile sur le feu ; d’où son nom. C’est qu’il fait chaud, dans la période de l’année (fin juillet-début août) où G. nigrofuscata aime à se faire entendre. La langue japonaise en rend compte par des expressions telles qu’aburaderi (油照り), « soleil chaud à en frire (bien que voilé) », ou mushi atsusa (蒸し暑さ), « chaleur d’étuve ». Notez néanmoins qu’ici mushi, bien qu’homophone de mushi (insecte), n’a sémantiquement rien à y voir ; c’est une forme du verbe musu 蒸す, « cuire à la vapeur ».

 

LIRE LA SUITE

Crédits image : Graptopsaltria nigrofuscata sur un arbre, au Japon (Alpsdake, 2012).

mercredi 8 septembre 2021

Hasard, contingence et nécessité dans le cours de la nature / Augustin BERQUE



VIIIème symposium du Cercle de Philosophie de la nature  3-5 juin 2021, IPC – Facultés libres de Philosophie et de Psychologie, Paris

Hasard, contingence et nécessité dans le cours de la nature  

à propos de la « science naturelle » d’Imanishi

par Augustin BERQUE

I. Les principes de cursivité et de trajection

Au point actuel, l’évolution reste une énigme. La biologie en a éclairé divers mécanismes, mais ceux-ci n’en montrent qu’avec plus d’évidence que son principe reste obscur. Nombre d’auteurs ont souligné que l’orthodoxie régnante, le néo-darwinisme, s’il contribue à expliquer la stabilisation des espèces, ne rend pas compte de leur évolution. En effet, compte tenu du nombre de combinaisons possibles entre les protéines (soit au moins 10 exposant 130), si ne jouait en la matière que le hasard de la mutation suivi nécessairement de la sélection, il y faudrait mathématiquement plus que l’âge du système solaire, comme le notait déjà François Jacob, et même bien plus, immensément plus que l’âge de l’Univers. Cette hypothèse, seule, est donc purement et simplement absurde. Il y a encore autre chose en jeu, mais nous ne savons pas quoi.  

LIRE LA SUITE 

Crédits image : Paul Gauguin (1848-1903), Rue à Tahiti, 1891.