mercredi 28 novembre 2012

La Cognition gestuelle / R. Jannel

La Cognition gestuelle Gérard Olivier
initialement publié dans Lectures

La Cognition gestuelle

Ou de l'écho à l'égo 

De Gérard Olivier, Grenoble, PUG, coll. « Sciences cognitives », 2012.
Compte rendu par Romaric Jannel


Les sciences humaines connaissent depuis un peu plus d’une décennie ce que l’on pourrait appeler un retour au corps. Tant en philosophie qu’en linguistique, en psychologie qu’en géographie, le corps retrouve peu à peu ses lettres de noblesse. Il les retrouve, puisque des travaux allant dans ce sens jonchent l’histoire des idées sans toutefois avoir connu le succès auquel ils auraient pu prétendre. Amorcés en 1998, les travaux de Gérard Olivier, Docteur en psychologie expérimentale et cognitive, participent pleinement de ce retour au corps ; il faut d’ailleurs ajouter au corps en action. Le corps n’est pas à entendre comme une masse quelconque positionnée dans le temps et dans l’espace. Il est à comprendre comme un organisme qui se meut, agissant non seulement sur le monde externe, mais également sur son monde interne.

mercredi 21 novembre 2012

Boucles étranges de l'ontogenèse / A. Berque (english)

Zorns Lemma Hollis Frampton
Zorns Lemma, Hollis Frampton, 1970 (capture d'écran)
University of Tokyo Center for Philosophy Lectures. Komaba Campus, 6 November 2012

Mesology

in the light of Yamanouchi Tokuryû’s Logos and lemma

by Augustin BERQUE


要約 – 風土論の中心概念(手懸り、風土性、通態化…)は山内得立が『ロゴスとレンマ』において提案したレンマの論理と比較される。特に、彼が四句分別における第 三のレンマを二重肯定ではなく、二重否定にしたことは風土論におけるr = S/P(PとしてのS)という現実の定義との類似が指摘される。要するに、人間の風土や生物の環世界の論理はレンマ的論理であろうと推定される。

Abstract – An analogy is drawn between the main concepts of mesology – affordance, mediance, trajection… – and the logic of lemma put forward by Yamanouchi Tokuryu in Logos and lemma. In particular, a comparison is made between the order in which he puts, in the tetralemma, binegation before biassertion, and the definition of the reality of a milieu as r = S/P (S taken as P). The logic of milieux (those of the living in general as well as those of the human in particular) would then be a lemmic.

キワード – 四句分別、通態化、手懸り、風土、風土性、山内得立 、レンマ。
Key words – Affordance, lemma, mediance, milieu, tetralemma, trajection, Yamanouchi.

mercredi 14 novembre 2012

La seconde vie des "petits bois"

Un pavillon de thé "vert" à Tokyo

La seconde vie des "petits bois"

Un pavillon de thé "vert" à Tokyo

Par Ariel Genadt

Les images du 11 mars 2011 d'un territoire couvert de débris ont évoqué une fois de plus des questions concernant la manière dont les maisons japonaises sont construites aujourd’hui, et ce qu'il en advient lorsqu'elles sont détruites ou sérieusement endommagées. Jusqu'à la fin de la période Edo (1868) les maisons japonaises étaient faites pour la plupart de bois et de bambou, et assemblées suivant un système de joints « secs », n'utilisant ni clous de fer ni colle. Cette méthode permettait que lors des incendies et tremblements de terre assez fréquents, les matériaux de construction se consument entièrement ou alors puissent être récupérés ou remplacés facilement. 

mercredi 7 novembre 2012

Déterministe, Jared Diamond ? / A. Berque

Jared Diamond en Nouvelles Guinées
Jared Diamond en Nouvelles Guinées (2010)
(source : National Geographic)

Déterministe, Jared Diamond ?

par Augustin BERQUE

Le déterminisme dit géographique a la vie dure. On voit régulièrement ses thèses les plus crasses ressurgir chez les auteurs les plus divers, la plupart du temps au détour d’un raisonnement quelconque, mais parfois en véritables thèses. C’est ainsi que, depuis une trentaine d’années, le géographe japonais Hideo Suzuki a produit une série d’ouvrages tournant autour de la relation entre climat et culture, en particulier la religion1. Il y reprend entre autres, tel un Renan, la thèse éculée des origines désertiques du monothéisme... sans se demander pourquoi aucun désert au monde(et ils sont nombreux), hormis ceux qui jouxtent le Croissant fertile, n'a "produit" de monothéisme. Rien n’y fait : à jamais, qui dit désert dit Moïse ; et vu de l’Asie des moussons, l’Occident est pour toujours une civilisation désertique…

mercredi 31 octobre 2012

Chaire de Mésologie / Corte (Corse)

Augustin Berque(Publié par Corse-Matin, 30 Octobre 2011)

La première chaire de l’université, Développement des territoires et innovation, a été inaugurée sous la responsabilité scientifique du célèbre philosophe qui viendra chaque trimestre animer des séminaires

L'effervescence autour de l'amphi Ettori était bien visible pour l'inauguration de la toute première chaire de l'université de Corse, Développement des territoires et innovation. Une tribune scientifique d'exception, accordée à quelques professeurs en France. « Il est très rare de voir autant de monde à cette heure-ci », se félicitait le président de l'université, Paul-Marie Romani.
Un intérêt que l'on peut expliquer par la personnalité de celui qui sera, pour les deux années à venir, le responsable scientifique de la chaire : Augustin Berque.

mercredi 24 octobre 2012

Vivre en lisière / P. Bonnin



De ma fenêtre: les collines vers l'ouest  et la nappe urbaine qui vient buter contre
De ma fenêtre: les collines vers l'ouest
 et la nappe urbaine qui vient buter contre ((cc) Philippe Bonnin)

Vivre en lisière

Les effets de lisière

par Philippe BONNIN


Ce sont en fait les bruits de la ville au petit matin, par la fenêtre ouverte, dans le calme de l’aube, qui m’ont fait prendre conscience que rien de ce qui était sensible ici n’échappait aux effets de lisière du lieu. Une topologie urbaine vivante et vécue en quelque sorte.
L’institut où je me trouve depuis bientôt trois mois, et son campus dans lequel j’habite, se trouvent placés tout en lisière de la ville, au sud-ouest, derrière le nouveau site de l’université de Kyoto et son « innovation park » イノベションパーク (à la lisière de la connaissance ?), sur un replat pas encore trop pentu, au pied 山麓 (sanroku ou yama no fumoto) des collines, juste à cet emplacement traditionnel des villages japonais (pour ne pas empiéter sur les surfaces des rizières, profiter des sources et exploiter l’orée des bois, satoyama 里山).

mercredi 17 octobre 2012

Méso-logique / A. Berque


Henri Rousseau La gitane endormie
Henri Rousseau, La gitane endormie, 1897
(Source)
Colloque international De la nature à la technique : perspectives de la pensée et de la philosophie japonaises contemporaines. Université Laval, 10-12 octobre 2012

La méso-logique des milieux

環世界と風土の中論的論理

par Augustin BERQUE

§ 1. Décentrement de l’univers et recentrement du monde


Qu’entendait Husserl en posant que « l’arché-originaire Terre ne se meut pas » (die Ur-Arche Erde bewegt sich nicht)[1] ? Cette expression figure dans un manuscrit qu’il écrivit en mai 1934, sous le titre « Renversement de la doctrine copernicienne dans l’interprétation de la vision habituelle du monde. L’arché-originaire Terre ne se meut pas. Recherches fondamentales sur l’origine phénoménologique de la corporéité, de la spatialité de la nature au sens premier des sciences de la nature ».

mercredi 10 octobre 2012

La tectonique des images / Yoann Moreau

縹麻地草木鳥居模様肩衣
縹麻地草木鳥居模様肩衣 (source)
Initialement diffusé sur France Culture / Sur les Docks, 13 aout 2012 par Michel Pomarède.

La tectonique des images

Invité, Yoann Moreau
Montage : Michel Pomarède.

"La catastrophe du  11 mars 2011 a été vécue et vue en direct par le monde entier. Filmé en temps réel : le séisme. Capturées par téléphone portable : les vagues du tsunami. Enregistrées : les montagnes de débris. Disparus : le corps des victimes. De la destruction partout mais pas de morts… Dans ce tsunami d’images personnelles et médiatiques, quel récit se dégage ?" Un document radiophonique.

mercredi 3 octobre 2012

La case de l'oncle TOM / A. Berque

Van Gogh Maisons à Auvers,
Van Gogh, Maisons à Auvers, 1890
(Source)
Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée.
Les mercredis du paysage. Narbonne, Palais des Archevêques, 26 septembre 2012

La maison délicieuse dans le paysage

Compte rendu par Augustin Berque

Le cycle est introduit par Mme Nicole Cathala, Adjointe au Maire Déléguée à la culture et au patrimoine ; puis Mme Marion Thiba, Chargée de mission « Culture et Patrimoine » au Parc naturel régional présente le conférencier. Augustin Berque, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, est entre autres l’auteur de La pensée paysagère (Archibooks, 2008) et de Histoire de l’habitat idéal, de l’Orient vers l’Occident (Le Félin, 2010).

A. Berque commence par expliquer l’expression « maison délicieuse ». Celle-ci a été employée par l’abbé Marc-Antoine Laugier, SJ, dans son Essai sur l’architecture (1753), à propos de la description faite par le père Attiret, jésuite également, de l’une des fabriques du parc impérial Yuanmingyuan (« Jardin de la clarté parfaite »), près de Pékin, dans une lettre qui a notablement influencé non seulement le style des jardins anglo-chinois dans l’Europe des Lumières, mais, au-delà, le goût qui allait se développer en Occident aux deux siècles suivants pour la maison individuelle hors la ville, au plus près de « la nature ».

mercredi 26 septembre 2012

Espace japonais: le territoire / P. Marmignon


Izanami et Izanagi Kobayashi Eitaku

Izanami et Izanagi
((cc) Kobayashi Eitaku, vers 1885/ MFA, Boston)

KOKUDO 国土 

TERRITOIRE


par Patricia Marmignon


Selon le Kojiki (712), le couple originel japonais, Izanagi-no-mikoto et Izanami-no-mikoto, chargés de compléter la Terre à la dérive, formèrent l’île d’Onogoro, première terre ferme, où ils élevèrent un pilier céleste et un palais, miya. De là naquit l’archipel du Japon et les dieux de la nature. Le territoire japonais fut ainsi constitué et le peuple engendré simultanément, d’où le sentiment d’une consubstantialité entre la terre-mère nourricière et la chair même du peuple, corrélatif d’un attachement puissant et exclusif.

Différents vocables signifient « territoire » en japonais. Ryōiki 領域, sphère d’influence, zone de contrôle, ryōdo 領土, possession, fief ou encore ryōchi 領地, domaine, territoire. Ryō a le sens de domaine, territoire, juridiction, fief. Jusqu’en 1871, le Japon était divisé en fiefs, remplacés alors par des départements to-dō-fu-ken 都道府県. Kokudo 国土 se compose des sinogrammes koku , lu kuni en Kun yomi 訓読 (lecture japonaise), qui signifie « pays, nation » et qui allie la frontière à l’étendue du territoire, et do , to, lu tsuchi en lecture Kun, qui représente le sol, la terre, le terrain. Kokudo, territoire, implique sa délimitation, ses contours et sa division, ainsi que sa nature.

mercredi 19 septembre 2012

Kôgen, chorologie, senjôchi et fûsui / A. Berque

Shinshū Asama-yama shinkei, Hiroshige II (1859)
Shinshū Asama-yama shinkei,
Hiroshige II (1859)
(source)

Kôgen, chorologie, senjôchi, fûsui

 

 par Augustin BERQUE

Kôgen 高原

Hautes terres, plateau

Ce mot est composé des deux éléments « haut » () et « plaine » (). Il a été introduit en japonais vers 1900 pour traduire les mots anglais highlands, plateau, table-land. Il n’y a pas stricte correspondance avec l’idée de plateau. Des toponymes tels que Shiga kôgen 志賀高原, Yachiho kôgen 八千穂高原, etc., indiquent plutôt que l’on est dans une région montagneuse mais pas trop escarpée, où l’hiver on peut faire du ski, et l’été fuir les chaleurs de la plaine (v. hishochi 避暑地, station d’été). Tel Karuizawa 軽井沢, sur le piémont du volcan Asama 浅間, qui sous Meiji devint le rendez-vous estival de la bonne société, Britanniques en tête, et a évolué depuis en zone de villégiature, bessôchi 別荘地. La notion de kôgen est ainsi liée au développement moderne du tourisme. Une mention spéciale est due aux hautes terres de Nasu, Nasu kôgen, où depuis 1926 la maison impériale a une villa d’été, Nasu kôgen goyôtei 那須高原御用邸.

mercredi 12 septembre 2012

Valeurs humaines et cosmicité / A. Berque


Chapelle du Mont Rokkō d'Andō Tadao Kōbe Japon
"Chapelle du Mont Rokkō d'Andō Tadao", à Kōbe, Japon
((cc) Patricia Marmignon, 1992)
Master européen en architecture et développement durable, VIIIUniversité catholique de Louvain-la-Neuve. Conférence inaugurale, 13 septembre 2012

VALEURS HUMAINES ET COSMICITÉ

Recosmiser l’aménagement, l’urbanisme et l’architecture


par Augustin BERQUE



1. L’architecture, mais avec ou sans architectes ?
Voilà près d’un demi-siècle maintenant, à l’automne 1967, je faisais mes premières armes d’enseignant, comme assistant en sciences humaines à l’École des Beaux-Arts, quai Malaquais à Paris, côté architecture. C’était aussi la première fois que des enseignements de sciences humaines, à l’instigation de Michel Écochard, étaient introduits dans la vénérable institution, qui allait éclater un an plus tard. Jusque-là, en France, les architectes avaient été formés à construire des édifices de diverses échelles, de la maison à la ville, sans apprendre ce qu’on mettait dedans, à savoir une société humaine. J’étais géographe, mais inclus dans une fournée où l’on trouvait aussi deux ou trois sociologues, une psychologue, un économiste et même un philosophe, ainsi que quelques autres géographes. Écochard,

mercredi 5 septembre 2012

Catastrophe du 11 mars 2011 (Japon) : un modèle géographique / M. Augendre

Utagawa Hiroshige
Grue et vague, l'une dans l'autre
(波に鶴, Tokyo Nat. Museum)

Publié dans Ebisu 47 | printemps-été 2012 | p. 27-38

Un modèle géographique de la catastrophe

Marie Augendre

Les événements qui se sont enchaînés au Japon ont donné naissance le 11 mars 2011 à une catastrophe hybride, amorcée par un double aléa naturel et amplifiée par un accident nucléaire, où s’emboîtent les échelles de temps et d’espace, où se combinent effets proximaux et répercussions loin- taines, temporalités instantanées et à long, voire très long terme. La notion d’impermanence des choses et des êtres vivants, mujō 無常, deviendrait alors un refuge consolant, face à une manifestation localement extrême de la nature et une contamination radioactive durable et étendue. Au Japon, l’ordre et les aléas naturels sont connus de longue date et pris en charge par les chercheurs, par le pouvoir politique ou encore dans les communautés locales. Les risques résultants sont surveillés et évalués ; ils font l’objet de mesures de prévention et de protection. Les acteurs de la société ont appris à vivre avec ces risques, en les atténuant ou en s’en accom- modant, à assimiler les impacts des catastrophes, à résorber leurs effets néga- tifs. Cette coexistence, kyōson 共存, butte sur le caractère inédit du désastre de 2011, qui souligne la résilience du pays autant qu’il montre ses limites.

mardi 3 juillet 2012

Espace japonais : le quartier / P. Marmignon

Plan de Yoshiwara
Plan de Yoshiwara, Edo 1846

43ème Symposium international du Nichibunken (Centre de Recherches Internationales pour les Études japonaises) à Kyôto, le 11/05/2012.

Chô 町 (quartier, unité administrative)


par Patricia Marmignon

La notion chô est la matrice de l’organisation spatiale japonaise. Elle représente à la fois des unités de mesure et des unités administratives. Elle est une unité de longueur, de surface, une unité agraire, urbaine, socio-spatiale, une unité territoriale, et désigne un quartier de plaisir sous Edo. Un chô représente un élément clé dans la conception, la réalisation et la représentation de la spatialité japonaise. Il sert de repère et est « le signe » même de l’organisation structurelle spatiale nippone, celui de l’englobement.
         Le caractère chô combine le champ cultivé, la rizière (den, ta *) au clou, à la forme d’un T, à un outil dans la main de l’homme (chô, tei ). Chô, tei est un spécifique numéral pour les feuilles, un morceau, une part, un pâté de maison, soit une division, un dénombrement. Il désigne une distance urbaine, et se substitue au fil du temps au caractère chô lu aussi machi*, dans le processus de simplification du système d’adressage. Chô/machi allie ainsi l’artifice japonais à son milieu.

mardi 26 juin 2012

Le retour du local / P. Marmignon

Dans les eaux du Heian Jingu (Carpe)
"Dans les eaux de Heian Jingu"
(Source: (cc) PM, 2000)
Publié dans  Ebisu « Le grand séisme de l’Est du Japon. Fractures et émergences », n°47. Tokyo : MFJ, Printemps/Été 2012
  

Communautés de quartier et associations

Le retour du local après le 11 mars 2011

par Patricia Marmignon

Résumé: Les communautés de quartier sont une particularité nippone. Elles ont évolué au fil du temps. Et, des associations se sont développées depuis 1968. Dans ce processus, et jusqu’au 11 mars 2011, un tournant vers une autonomie locale, et une reconnaissance du droit de l’individu semblaient entamés.

Abstract : Neighbourhood communities and associations – The return of the local after March 11th. Neighbourhood communities are a Japanese particularity. They have changed in time. And, associations have been developed since 1968. In this process, and until March 11th 2011, a change of direction towards a local autonomy, and a recognition of the right of the person seemed to be opened.

要約 町内会とコミュニテ2011311日の後の地域回帰 町内会は日本の特徴である。時間の経過を通して発展をしてきた。そして、コミュニテ1968年から発達した。この過程において2011311日まで、地域自治への転機並びに個人の権利の認知が始められたようである。

mercredi 20 juin 2012

L'échelle médiale de la radioactivité / Y. Moreau

The Essence is Invisible (Son Bong Chae)
The Essence is Invisible, Son, Bong Chae (huile sur toile, 2009)
(source)
Initialement soumis à Ebisu, puis publié sur "catastrophes"
 

Le “spectraculaire”

Fukushima est-elle une catastrophe ?

 

par Yoann Moreau

Ce qui s'est produit dans le complexe nucléaire de Fukushima Daiichi (福島第一原子力発電所) le 14 mars 2011 est un événement rare, le deuxième de ce genre après Tchernobyl. Son impact principal ne consiste pas dans sa dimension spectaculaire – l'explosion des réacteurs – mais dans sa part radioactive, invisible et difficilement quantifiable.

Cette dimension « spectrale » doit être étudiée avec la plus grande attention car elle relève d'un champ d'expérience situé en deçà de la réalité sensible. L'émission de radioactivité est en effet une donnée environnementale (kankyô 環境) avant que d'être une réalité du milieu humain (fûdo 風 土). Cela signifie qu'elle affecte le vivant de manière organique, en deçà de tout registre de prédication. Autrement dit, quoi que l'on en dise, quoi que l'on en pense et quoi que l'on fasse, l'accroissement de la présence d'isotopes radioactifs dans la biosphère est une donnée avec laquelle il s'agit désormais de composer. Cela hante le monde depuis sa base, le modifiant de manière objective pour plusieurs centaines de milliers d'années (Galle, Paulin, & Coursaget, 2003).

Dans l'état actuel de nos connaissances, nous n'avons pas les moyens d'y remédier.

mercredi 13 juin 2012

Coexister / M. Augendre

Le Seppuku de Namazu
"Le Seppuku de Namazu"
(source : Miyata Noboru et Takada Mamoru (1995)
Namazue: Shinsai to Nihon bunka. Tokyo: Ribun Shuppan)
Communication au Nichibunken, Kyôto, 12 mai 2012

Kyôson, 共存 : la coexistence


par Marie Augendre, Université de Lyon

Le panneau (voir, plus loin, figure 1) présente une photographie aérienne de la vallée de la Furano-gawa (Hokkaidô), barrée d’un dessin d’ouvrage sabô 砂防 (littéralement, de « protection contre les sédiments »). Il semble vouloir signifier que la coexistence entre les hommes, ningen 人間, et la nature, shizen* 自然, est matérialisée par ce triple barrage, effectivement érigé depuis dans la vallée forestière déserte. La rivière prend sa source sur les flancs du Tokachi-dake, un volcan parmi les plus actifs et surveillés de l’archipel. Son cours est entravé de nombreux ouvrages de défense, implantés en amont de Kami-Furano (上富良野町, 12 000 habitants). Le barrage est conçu pour atténuer les écoulements torrentiels et protéger la petite ville d’une coulée de boue d’origine volcanique, comme celle qui avait emporté 144 villageois et enseveli les terres agricoles en 1926 lorsqu'une éruption avait fait fondre brutalement le manteau neigeux. Autrement dit, cette construction de béton, qui a amplement transformé la configuration préalable de la vallée, serait un vecteur de la coexistence entre une nature parfois violente et la société aux prises avec elle.
En réalité, son rôle et sa signification vont bien au-delà des apparences immédiates. Si l’artificialisation de la vallée a d’abord pour but la protection des populations en aval, elle affiche aussi d’autres fonctions tout autant essentielles.

mercredi 6 juin 2012

Aida et ma / A. Berque

Le pont Suidō et le quartier Surugadai
Utagawa Hiroshige (1857)
Conférence à l’Institut franco-japonais du Kansai, 10 mai 2012

Aida et ma

– de ce que sont les choses dans la spatialité japonaise –

間(あいだ)と間(ま)。もの(物)からこと(事)へ


par Augustin BERQUE

    Passé voici moins d’une semaine, le cinquième jour du cinquième mois est aujourd’hui au Japon la fête des enfants (kodomo no hi こどもの日). Autrefois, c’était la date du 端午 tango, cn duànwŭ, qui dans la tradition chinoise est la fête du début du yang réchauffant (on l’appelle donc aussi duānyángjié 端陽節). On y organise des régates à la mémoire de Qu Yuan 屈原 (343-290), poète de l’époque des Royaumes Combattants, qui se jeta dans la rivière Miluo 汨羅江 pour avoir perdu la faveur de son souverain, le roi Huai de Chu 楚懐王. Au Japon, cette fête devint le tango no sekku 端午の節句, à l’occasion duquel l’habitude s’est prise à l’époque d’Edo de faire flotter en haut d’un mât des bannières en forme de carpes, les koinobori 鯉幟, pour souhaiter du succès dans la vie aux petits garçons.

Or en passant, sous Meiji, du calendrier lunaire au calendrier grégorien, la date s’est rapprochée de la fin du printemps, alors que dans l’ancien calendrier, elle correspondait à la période des pluies de mousson. Du coup, l’image a changé aussi. À l’époque d’Edo, les bannières flottant sous la pluie représentaient des carpes remontant une rivière torrentueuse, et devenant des dragons. C’était la trace d’une vieille légende chinoise, selon laquelle les poissons qui réussissent à franchir les rapides de la « Porte des Dragons », Longmen 龍門 au Shanxi 山西, deviennent des dragons, tandis que ceux qui n’y arrivent pas redescendent avec le front marqué d’une contusion, pareille à un point. L’expression « le front marqué à Longmen » Lóngmén diăn é 龍門点額 a pris plus tard le sens d’échouer aux concours mandarinaux.

mercredi 30 mai 2012

Logique du tiers inclus / C. Plouviet

Paul Klee Seiltänzer
Paul Klee, "Seiltänzer" (1923)
(source)
  Séminaire Complexités et Société Monde, EHESS / A. Pena-Vega

Vision transdisciplinaire de la logique dynamique du tiers inclus contradictoire

Claude Plouviet

Note introductive (par Y.  Moreau) : De la logique classique à Lupasco, il n'y a pas seulement un pas mais, d'une certaine manière, une jambe en plus. La logique du tiers non exclu, c'est l'intégration du milieu dans la locomotion (mentale et physique). On ne marche pas seulement parce que l'on a deux jambes, mais parce qu'il y a un sol, un environnement, une pesanteur, etc. 

Le docteur Claude Plouviet présente ici, par portraits successifs, les différentes trajectoires de ce qui s'est dit sur les possibilités d'inclusion du tiers : l'approche ternaire de S. Lupasco (1900-1988), la question du rapport signifiant-signifié chez F. de Saussure (1857-1913), la notion d'auto-organisation du Nobel de chimie Jean-Marie Lehn (1939), l'apodictique d'un Pierre Legendre (1930), le "ceci n'est pas une pipe" de Magritte (1898-1967), l'acculturation selon R. Bastide (1898-1974), l'écart d'un F. Jullien (1951), la médiance d'A. Berque (1942), l'émergence sonologique d'un Di Scipio (1962), l'énaction de F. Varela (1946-2001), l'affordance de J. J. Gibson (1904-1979), la médiologie de R. Debray (1940), la complexité d'Edgar Morin (1921). 

A travers l'ensemble de ces notions c'est le contexte épistémologique des mésologiques qui se précise, c'est la logique médiale qui s'étoffe et s'enrichit d'un vocabulaire qui, on le découvre, est riche, prolixe et précis.

mercredi 23 mai 2012

La spatialité nipponne à l'index / A. Berque

Mont Fuji Yokoyama Taikan
Mt. Fuji, YOKOYAMA Taikan, 1930.
(source : Ishibashi Museum of Art)
Japarchi – Vocabulaire de la spatialité japonaise (dirigé par Philippe Bonnin)

Ma, oku, seken, ta, wabi/sabi 

par Augustin Berque
 
Présentation : Augustin Berque introduit et définit cinq notions - qui sont aussi des esthétiques - propres à la spatialité nipponne. Il tisse ensemble un "entrelien humain" (voir "ma") entre l'univers de la science et le monde des phénomènes.
Ce "tissage", qui fonde notre milieu, 
  1. se déploie dans le rhizome des relations d'un vivant (voir "seken") - on pourrait dire au sens moderne, son "réseau".
  2. s'invagine dans le revers d'un endroit dont la profondeur (voir "oku") est chargée d'intimité et de force de résurgence.
  3. se mesure en conservant un rapport de proportion humaine, à l'échelle des tatamis, ou des rizières (voir "ta, tanbo") et non pas au moyen d'un pas absolutisé selon une métrique mathématique.
  4. il se transforme au cours du temps non pas selon une pente irréversible de dégradation, mais selon une esthétique et une morale (voir "wabi/sabi") qui se révèle progressivement par de la patine et le "goût de la solitude tranquille, loin des soucis du monde".
Au travers de ces 5 notions de la spatialité nippone c'est aussi une proposition de prédication renouvelée, apte à traduire en mots un milieu humain qui échappe toujours - d'une manière ou d'une autre - à toute langue. 
Toute traduction est au "bout de la langue", à l'extrémité de la bouche, en ce point d'inflexion entre le corps animal et le champ symbolique d'une culture donnée. Elle est donc aussi, de manière plus fondamentale, l'expression de l'umwelt de l'humain, du rapport au monde de l'homme en tant qu'espèce. À la lecture de ces "notices", au-delà des différences prédicatives entre milieu francophone et japonophone, c'est bien le sentiment d'une résonance commune qui se fait jour. Cela ouvre la perspective d'une relation médiale, où ce qui gît sur le bout de toutes les langues trouve corde à son arc (vocal) dans un ancrage organique commun. Ces mots-notions permettent d'articuler des vides médiants de la langue française, des absences sémantiques, conceptuelles, spatiales et temporelles. Ils sont de véritables outils pour penser, depuis le monde francophone et au moyen de la langue nippone, la mésologique de l'humain, sa manière propre - en tant qu'espèce - d'habiter et d'être humain sur la terre.
Bonne lecture, Y. Moreau.
 

mercredi 16 mai 2012

Mésologie du sacré / A. Berque

CEZANNE Mont Sainte-Victoire et Chateau Noir
CEZANNE Mont Sainte-Victoire et Chateau Noir (1904-06)
(source : Bridgestone Museum of Art)

Mésologie du sacré

Communication au colloque Y a-t-il du sacré dans la nature ?

Université Paris I, 27-28 avril 2012
par Augustin BERQUE

Résumé - Le dualisme moderne a désacralisé la nature, devenue cet objet neutre que toise un sujet transcendant son milieu. Cette objectification s’est accompagnée d’une décosmisation : le sujet n’a plus sa place dans ce qui n’est plus un cosmos, mais un univers objet. Ce paradigme acosmique a touché ses limites au siècle dernier, car il aboutit non seulement à détruire la biosphère, mais à saper notre humanité même. De tous les êtres vivants, l’humain est en effet celui qui dépend le plus de son milieu ; car celui-ci est le complément non seulement écologique, mais technique et symbolique sans lequel ce néotène n’existerait même pas, puisque, dans l’évolution, la technique et le symbole ont rétroagi sur sa constitution même. Ces liens entre le sujet humain et son milieu, radicalement insaisissables par le dualisme, se sont en revanche exprimés symboliquement dans toutes les cosmologies hormis celle de la modernité. La crise environnementale les ravive, soit dans une flambée de l’irrationnel, telle la vogue du fengshui en Occident, soit dans un holisme scientiste subordonnant l’humain aux écosystèmes. Tant ce spiritualisme que ce réductionnisme sont non moins des impasses que le dualisme. On y préférera la voie moyenne d’une mésologie (étude des milieux) poursuivant celle ouverte au siècle dernier par des naturalistes comme Uexküll et des philosophes comme Watsuji, qui montre que notre être ne se limite pas à notre corps individuel, mais comprend notre milieu.

mardi 8 mai 2012

La raison-cœur des co-suscitations paysagères / Nakamura Yoshio

Eido meishozue
Fig. 1 "Regarder et être regardé du paysage"
Extrait de Edo meishozue ((cc) Shiomizaka)
Pour Ebisu, numéro spécial d’actes du colloque de Shin Hirayu « De la chose au fait dans les milieux humains » (風土におけるものからことへの過程).

    La raison-cœur des co-suscitations paysagères

Les fluctuations du paysage entre corps, lieu et langage

par NAKAMURA Yoshio
Professeur honoraire à l’Institut de technologie de Tokyo

Résumé – En distinguant keikan (paysage observé) de fûkei (paysage vécu), l’on essaie d’expliquer le caractère de ce dernier par la pensée du bouddhisme du Grand Véhicule. Le paysage vécu relie par co-suscitation les corps et les lieux qui s’y impriment. Le ma, qui signifie le champ produit par ces relations co-suscitatives, rend bien compte des composants fondamentaux du paysage vécu : composition co-suscitative, bordure d’espace, emprunt de paysage, limite symbolique, etc. L’on examine la signification du circuit, qui a un profond rapport avec l’expérience du lieu, et celle des liens langagiers, sociaux, et intercorporels qui produisent le paysage vécu.

mercredi 2 mai 2012

Le temps et l'espace dans la culture japonaise / Romaric Jannel

"Les trois blancheurs" / Katsuhika Hokusai Cent vues du Mt Fuji
"Les trois blancheurs" / Katsuhika Hokusai
Cent vues du Mt Fuji (1830)
(source : ReedDesign)
Compte rendu par Romaric Jannel

Le temps et l’espace dans la culture japonaise

KATO Shûichi (trad. SABOURET Christophe) 2009 (Or. 2007),
Paris, CNRS Éditions, 271 pages.

Il est des langues dont la traversée, d’une rive à l’autre du monde, passionne, tant l’épreuve est difficile. Des œuvres littéraires sont traduites du japonais vers le français depuis bien longtemps, mais les essais pour leur part font figure de parent pauvre. S’agissant de traduire en français un essai rédigé en langue japonaise, la rigueur nécessaire à une telle entreprise a de quoi rebuter bien des prétendants. Plusieurs chercheurs s’y sont exercés ces dix dernières années faisant l’objet de publications notamment aux éditions du CNRS[1]. De qualité variable, ces traductions révèlent néanmoins l’intérêt des sciences humaines françaises pour la pensée japonaise et montrent, notamment aux philosophes, des perspectives originales[2]. L’œuvre de Katô Shûichi (1919-2008) compte plus de cinquante livres. Connu du grand public japonais, il est considéré comme « l’une des figures majeures de la pensée japonaise de la seconde moitié du XXe siècle »[3]. De formation médicale, il est aussi connu pour son militantisme pacifique. Le temps et l’espace dans la culture japonaise (2009, Or. 2007) traite, dans et au regard de la culture japonaise, de deux thèmes centraux des sciences humaines à savoir le temps et l’espace.

mercredi 18 avril 2012

De la démocratie au Japon / Patricia Marmignon

Deep Autumn Yamaguchi Kayo
"Deep Autumn", 1972 / Yamaguchi Kayo

De la démocratie au Japon

-Vers une participation en concertation ?-

Par Patricia Marmignon

Par contraste au droit contractuel français qui repose sur le droit de l’individu, au Japon, il s’agit traditionnellement d’une collaboration fondée sur une morale confucéenne, dans un système globalisant hiérarchisé intégrant les communautés de quartier (chônaikai). Le développement simultané d’associations (komyuniti) est assez récent. Elles apparaissent à la fin des années 1960, et fleurissent depuis le séisme de Kôbe de 1995. À fortiori, le développement du droit juridique est de plus en plus marqué. Mais, si cette tendance semble à priori représenter un pas vers une reconnaissance du droit de l’individu dans les processus de décision relatifs à l’urbanisation, qu’en est-il depuis le 11 mars ?

mercredi 11 avril 2012

Pensée morphologique / Luciano Boi

Summer Evening, Hashimoto Kansetsu
"Summer Evening", Hashimoto Kansetsu, 1941
(Adachi Museum of Art)

Pensée morphologique et interfaces sciences du vivant et sciences humaines

Par Luciano Boi
(EHESS, Centre de Mathématiques et Équipe de Morphologies)

« […] je ne dirais pas que les routes de l’homme traversent le milieu de vie du hérisson mais c’est bien la rencontre de deux histoires : l’homme et le hérisson se retrouvent sur la même route à un moment donné et j’espère bien arriver à freiner et à ne pas écraser le hérisson. » (G. Canguilhem, Connaissance de la vie, Paris, 1966 ; à partir d’un des monologues du mendiant dans l’Électre de Giraudoux.)

Résumé : Nous cherchons à montrer que l’épigenèse, la morphogenèse, l’auto-organisation, les sciences de la complexité, sont des modèles explicatifs qui visent à répondre à la grande énigme de la construction du vivant à l’ère post-génomique. Ces modèles permettraient notamment de montrer que la vie n’est pas contenue dans un programme, mais découle d’une cascade de causalités qui s’enchaînent de manière non linéaire et par des discontinuités qualitatives successives. Par contraste avec le paradigme du « tout génétique », l’épigénétique permet d’appréhender d’une nouvelle manière les interactions entre organismes vivants et milieux naturels et culturels, ainsi que la coappartenance de la diversité et de l’unité du vivant à un même processus historique complexe et changeant. 

mercredi 28 mars 2012

Paysage urbain / Y. Nussaume

Maisons en arc à Krumau, Egon Schiele
Maisons en arc à Krumau, Egon Schiele, 1912
(source)
135e congrès des sociétés historiques et scientifiques 6-11/03/2010, Neuchâtel 

« Paysage urbain : essence et perception »[1]

Par Yann Nussaume

Résumé : Si l’on consulte le catalogue général de la Bibliothèque nationale de France, on observe qu’un ensemble d’ouvrages, au début des années 1980, commence à valoriser l’expression « paysage urbain » dans leur titre, avec une accélération de son utilisation, aussi bien théorique que familière, à partir des années 2000. Nous prendrons comme hypothèse que son emploi dépasse la simple notion de « cadre de vie et de l’environnement ». Comprendre les villes oblige à penser de nouvelles approches. Ce ne sont plus simplement leurs formes que l’on regarde, leur bâti, leur apparence mais leur essence que l’on interroge dans leurs rapports « ville/nature/histoire ». Mise en avant par des chercheurs comme le géographe Augustin Berque, la complexité de la compréhension que les habitants portent sur leur environnement, selon les cultures et les époques, est devenue un élément clé de la réflexion contemporaine. L’expression « paysage urbain » s’affirme comme essentielle pour décrire les villes qui s’affranchissent des frontières et exposer ces cités étrangères, lointaines, avec leurs différences de milieux (relations qui lient les sociétés à leur environnement).

dimanche 18 mars 2012

Avec le Japon / entretien Augustin Berque - Stéphane Audeguy

Paru dans La Nouvelle Revue Française (nrf), n° 599-600, mars 2012, Du Japon, p. 33-55. 

Avec le Japon 

(entretien avec A. Berque, réalisé par Stéphane Audeguy)

 

S. AUDEGUY – L’existence même du paysage est le fruit d’une histoire plurielle et c’est ainsi qu’il existe, dites-vous, des civilisations paysagères (dont procèdent la France et le Japon), et des civilisations qui ignorent cette « réalité » (l’Inde, par exemple). Pour les lecteurs de la NRF, qui ne sont pas tous familiers de votre œuvre, j’aimerais que nous commencions par définir le champ d’exercice de votre pensée. Vous avez, depuis plus de 30 ans, élaboré une théorie du paysage, structurée autour de la notion de mésologie et de celle de médiance ; dont l’objet a été le Japon, mais dont la portée dépasse largement le strict champ de la géographie morphologique, et d’ailleurs le seul cas du Japon.

dimanche 19 février 2012

De la chair et de son milieu, par voie de tétralemme / Augustin Berque

Synapse, conduction de l'influx nerveux.
(Pour EspacesTemps)

Les intentions du corps

Psychanalyse, biologie et sciences de l’esprit

Compte rendu par Augustin BERQUE de l'ouvrage de Mathieu ARMINJON, Montréal, Liber, 2010, 385 p.  

I. L’auteur, Mathieu Arminjon, est collaborateur scientifique aux Hôpitaux universitaires de Genève. Il coordonne le groupe de recherche de la fondation Agalma (mot qui en grec signifie parure, image, statue, offrande, monument). Titulaire d’un doctorat en sciences de la vie, après avoir commencé ses études par la philosophie et la psychologie,  il mène des recherches sur les bases neurobiologiques des concepts psychanalytiques et les modèles neurocognitifs sous-tendant la métapsychologie et la psychologie dynamique.  Venant après divers articles dans des revues scientifiques, ces Intentions du corps sont son premier livre. Disons que pour un coup d’essai…