mercredi 30 octobre 2013

Qu’est-ce que le monde pour la mésologie ? / A. Berque

Échappée devant la critique Père Borrell del Caso
Échappée devant la critique
(Père Borrell del Caso, 1874)
(source)
Université de Neufchâtel, Maison d’analyse des processus sociaux.
Cycle de conférences Repenser le monde, et vite !

Qu’est-ce que le monde
pour la mésologie ?

Conférence
Augustin BERQUE
29 octobre 2013

Résumé Si le terme même de "mésologie" est dû à un médecin positiviste (Charles Robin, disciple d'Auguste Comte, qui le créa en 1848), la mésologie au sens actuel a hérité d'Uexküll et de Watsuji une vision phénoménologique, reposant sur la distinction entre l'environnement comme donné objectif (Umgebung) et le milieu comme monde ambiant (Umwelt) propre à un certain être (individu, société, espèce). La réalité concrète relève du milieu, non de l'environnement dont Uexküll a prouvé que les objets, comme tels, n'existent pas pour l'animal. Nous devons repenser, et vite, la réalité sur ces bases.

mercredi 23 octobre 2013

Renaturer la culture, reculturer la nature, par l’histoire / A. Berque

Test de Rorschach planche 3
Test de Rorschach, planche 3.
À paraître dans Entropia, numéro spécial « L’histoire désorientée », octobre 2013.

Renaturer la culture, reculturer la nature, par l’histoire

Augustin Berque

1. Au delà de Wittgenstein ?


« Renaturer la culture, reculturer la nature » : cette formule d’inspiration marxienne – elle descend d’un thème des Manuscrits de 1844 : « Naturalisierung des Menschen, Humanisierung der Natur » (naturalisation de l’humain, humanisation de la nature) –, je l’ai déjà invoquée voici une quinzaine d’années au début d’un livre où je tentais de poser les principes d’une mésologie, partant de l’idée que la relation des sociétés humaines à l’étendue terrestre s’établit et fonctionne d’une manière que la dichotomie classique entre le subjectif et l’objectif ne permet pas de saisir[1].

mercredi 16 octobre 2013

De l'acte artistique à un milieu humain / A. Berque

Mother and Child Fritz Stuckenberg
Mother and Child, Fritz Stuckenberg (1920)
source
Symposium international
Développement humain et milieu de vie
Quels partenariats Université/Monde associatif à travers l’acte artistique ?
Armentières / Le Favril, 11-13 octobre 2013

De l’acte artistique à un milieu humain

par Augustin BERQUE

 

1. Le litige entre terre et monde

 

Beaucoup d’entre nous avons en mémoire au moins le titre d’un texte fameux de Heidegger, L’origine de l’œuvre d’art (Der Ursprung des Kunstwerkes, 1935-1936). Il y est question d’un « litige » (Streit) obscur entre la terre et le monde, à propos duquel Heidegger écrit ceci :

Ce vers où l'œuvre se retire, et ce qu'elle fait ressortir par ce retrait, nous l'avons nommé la terre. Elle est ce qui, ressortant, reprend en son sein (das Hervorkommende-Bergende). La terre est l'afflux infatigué et inlassable de ce qui est là pour rien. Sur la terre et en elle, l'homme historial fonde son séjour dans le monde. Installant un monde, l'œuvre fait venir la terre (Indem das Werk eine Welt aufstellt, stellt es die Erde her). Ce faire-venir doit être pensé en un sens rigoureux. L'œuvre porte et maintient la terre elle-même dans l'ouvert d'un monde. L'œuvre libère la terre pour qu'elle soit une terre[1].

mercredi 2 octobre 2013

L'invention du paysage en Chine / A. Berque

Landscape Chen Zizhuang
Landscape, Chen Zizhuang (1913-1976)
source
Paru dans Libération, 4 octobre 2013, dossier FIG Chine

L’invention du paysage en Chine

par Augustin Berque

Le paysage, ne suffit-il pas d’ouvrir les yeux pour en voir ? Et pourtant, chose étrange, ce mot n’a pas toujours existé. En Europe, il ne date que de la Renaissance. La question a beaucoup préoccupé les sciences humaines voici une trentaine d’années, à l’époque où l’on commençait à s’intéresser sérieusement à cette question parce que l’on se rendait enfin compte des ravages que la civilisation moderne inflige aux paysages. On a donc alors découvert que « le paysage » n’avait pas toujours existé.