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mercredi 21 août 2019

Écoumène, demeure de notre humanité / Augustin Berque

CICLOTRAMA 80 (Aglomeração )
Puissances de l’habiter. Matériaux pour des écoles de la Terre
– Rencontres de Lachaud, 19-23 août 2019 –

Écoumène, demeure de notre humanité

par Augustin Berque

Résumé – La géographie a traditionnellement entendu l’écoumène (du grec hê oikoumenê ἡ οἰκουμένη, « l’habitée ») comme la partie habitée de la Terre. Pour la mésologie (Umweltlehre, fûdoron 風土論), science des milieux, c’est l’ensemble des milieux humains, c’est-à-dire la relation de l’humanité avec la Terre. Cette relation n’est pas seulement un rapport entre un sujet (l’humain) et un objet (l’environnement) ; impliquant l’institution réciproque (la co-suscitation) de l’humain et de son milieu comme tels, elle n’est pas saisissable dans le cadre du dualisme moderne, et exige un changement de paradigme onto/logique (à la fois ontologique et logique).

mercredi 7 octobre 2015

Anthropocene from a mesological point of view / Augustin Berque

Fleurs d'équinoxe 彼岸花
Fleurs d'équinoxe, 2015
Francine Adam (cc)
総合地球環境学研究所, 2015.9.17人類世考察会
Research Institute for Humanity and Nature, Kyoto
Anthropocene workshop
17 September 2015

Anthropocene from a mesological point of view

Augustin Berque

1. “Anthropocene” comes from the Greek anthropos, human being, and kainos, new. It means that we have entered an age in which humankind is transforming nature to a degree which becomes geologically significant. The suffix cene has been used, in geology, to designate a new age of life on the Earth ; hence Eocene etc. In that sense, Anthropocene might be limited to a geological meaning, the question being how to define when it begins : was it in the fifties with the so-called Great Acceleration? In 1784 with the steam engine? With the neolithic agricultural revolution? With the use of fire? Etc.

jeudi 24 avril 2014

Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ? / A. Berque sur Rfi

Poétique de la Terre Augustin Berque

Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ?

Rfi / Augustin Berque

A l'occasion de la parution de son dernier ouvrage, Rfi a invité le géographe et philosophe Augustin Berque autour de la question suivante : « Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ? »

Renaturer la culture, reculturer la nature, par l’histoire : tel est le propos du livre Poétique de la Terre. Il commence, en première partie, par la question du sujet, en montrant que l’exaltation du sujet individuel moderne a entraîné une décosmisation qui à terme est mortelle, car aucun être ne peut vivre sans un monde commun (kosmos). Nous devons donc recosmiser notre existence. La seconde partie montre que l’arrêt sur objet propre à la modernité aboutit à dépouiller les choses de leur sens, faisant notamment du langage une aporie. Nous avons à remettre les mots et les choses dans le fil de leur histoire commune (leur croître-ensemble : concrescence), c’est-à-dire à les reconcrétiser. La troisième partie montre enfin que réembrayer la nature et la culture passe nécessairement par la question du rapport entre histoire et subjectivité, ce à tous les degrés de l’être, allant, par l’évolution, de la vie la plus primitive jusqu’à la conscience la plus humaine... (4ème de couverture de l'ouvrage Poétique de la Terre d'Augustin Berque aux Editions Belin).


mercredi 4 décembre 2013

Le territoire des meisho / A. Berque

Pèlerins de la cascade Kirifuri du mont Kurokam Katsushika Hokusai
Pèlerins de la cascade Kirifuri du mont Kurokam
Katsushika Hokusai, 1831-32
source : Philadelphia Museum of Art
Paru dans  Les rameaux noués. Hommages offerts à Jacqueline Pigeot, sous la direction de Cécile SAKAI, Daniel STRUVE, TERADA Sumie et Michel VIEILLARD-BARON, Paris, Collège de France : Institut des hautes études japonaises, 2013, p. 23-36.

 Le territoire des meisho

par Augustin Berque

1. Michiyuki-bun
Rappelons d’abord les grandes lignes de Michiyuki-bun. Poétique de l’itinéraire dans la littérature du Japon ancien[1], la thèse fameuse qui valut à Jacqueline Pigeot le prix Yamagata Bantô, le plus prestigieux de la japonologie. C’est là que j’ai découvert la question des « lieux renommés », les meisho 名所.
            Le mot michiyuki-bun 道行文, qui signifie « littérature (bun) d’itinéraire (michiyuki) », a été créé par la philologie moderne pour désigner un type de littérature qui se développa au XIIIe siècle et connut une grande faveur à l’époque Muromachi (XIVe – XVIe siècles).  Il s’agit de la relation de voyages fictifs dans des lieux connus, dont le style se caractérise par une prose rythmée (surtout des heptamètres et des pentamètres alternés), évoquant la nostalgie du voyageur, riches en toponymes et en citations de poèmes anciens, et mettant systématiquement en œuvre des tropes appelés engo 縁語 et kakekotoba 掛詞.

lundi 4 novembre 2013

Mésologiques : philosophie des milieux / A. Berque, Y. Moreau

Cette semaine, première séance du séminaire

"Mésologiques : philosophie des milieux"

(A. Berque, L. Boi)
Vendredi 8 novembre, 18h-20h
Salle Lombard, 96 bd Raspail

mercredi 30 octobre 2013

Qu’est-ce que le monde pour la mésologie ? / A. Berque

Échappée devant la critique Père Borrell del Caso
Échappée devant la critique
(Père Borrell del Caso, 1874)
(source)
Université de Neufchâtel, Maison d’analyse des processus sociaux.
Cycle de conférences Repenser le monde, et vite !

Qu’est-ce que le monde
pour la mésologie ?

Conférence
Augustin BERQUE
29 octobre 2013

Résumé Si le terme même de "mésologie" est dû à un médecin positiviste (Charles Robin, disciple d'Auguste Comte, qui le créa en 1848), la mésologie au sens actuel a hérité d'Uexküll et de Watsuji une vision phénoménologique, reposant sur la distinction entre l'environnement comme donné objectif (Umgebung) et le milieu comme monde ambiant (Umwelt) propre à un certain être (individu, société, espèce). La réalité concrète relève du milieu, non de l'environnement dont Uexküll a prouvé que les objets, comme tels, n'existent pas pour l'animal. Nous devons repenser, et vite, la réalité sur ces bases.

mercredi 31 juillet 2013

Peut-on dépasser l’acosmie de la modernité ? / A. Berque

Self portrait at an early age Rembrandt
Self portrait at an early age
(Rembrandt, 1628-1629)
source
Université de Corse, Corte, 11 juin 2013 / Séminaire Questions de mésologie, VII

Peut-on dépasser l’acosmie de la modernité ?

par Augustin Berque


§ 1.  Terre, monde, cosmos, univers
            Un ouvrage récent d’Henri Raynal est intitulé Ils ont décidé que l’univers ne les concernait pas[1]L’auteur y emploie le terme d’acosmisme pour dénoncer l’« autisme » de notre espèce, qui s’estime aujourd’hui dégagée de toute obligation de penser sa place dans l’univers, et de s’y tenir. Pour dire des choses assez voisines, je préfère employer le terme d’acosmie, qui a pour moi l’avantage d’évoquer l’anomie durkheimienne, c’est-à-dire l’effacement des valeurs, et les désordres qui s’ensuivent. Alors toutefois que l’anomie est sociale, l’acosmie concerne à la fois le social et le naturel.  Plus exactement, il s’agit de l’embrayage des valeurs humaines aux faits de la nature, auxquels la mésologie, contrairement au naturalisme (tels la sociobiologie ou Calliclès dans le Gorgias)[2], refuse de les réduire, mais aussi, contrairement au métabasisme contemporain (tel celui de la French theory, laquelle nous verrait volontiers planer dans l’azur sans plus de base terrestre), tient tout autant à les y fonder.

mercredi 29 mai 2013

La mondialisation a-t-elle une base ? / A. Berque

Chant of Universe Bang Hai Ja
Chant of Universe, Bang, Hai Ja (1975)
(source)
Paru dans Guy MERCIER, Les territoires de la mondialisation, Québec, Presses de l'Université Laval, 2004, p. 73-91. Table ronde Les territoires de la mondialisation . Salon international du livre, Québec, 25 avril 2002 

La mondialisation a-t-elle une base ? 

par Augustin BERQUE


1. Monde n'est plus univers, ni cité humaine


Seraient-ils les plus rebattus, les mots ont toujours des profondeurs insoupçonnées ; c'est à nous d'aller y voir, en commençant par les dictionnaires. Ainsi l'édition 2001 du Petit Larousse illustré définit-elle mondialisation comme « Fait de devenir mondial, de se mondialiser ; globalisation » ; et mondial comme « ce qui concerne le monde entier » . Fort bien ; mais alors, qu'est-ce donc que le monde ?

mercredi 6 février 2013

Sur la Terre / A. Berque

The Cosmos Yi Hee Choung
 The Cosmos Yi, Hee Choung (2008)
(source)
La justice et la paix dans les Saintes Écritures et la pensée philosophique. Colloque international, Université Tunis El-Manar, 19-23 avril 2009

Sur la Terre

les fondements terrestres de l'éthique humaine 

par Augustin BERQUE

Résumé – Le besoin humain de vivre dans la justice et la paix n'est pas souvent, dans les représentations habituelles, relié à la nature. Celle-ci, en particulier dans la tradition occidentale, est au contraire invoquée pour expliquer (sinon même justifier, comme ce fut le cas du nazisme) l'injustice et la guerre : "L'homme est un loup pour l'homme" (Hobbes), "La raison du plus fort est toujours la meilleure" (La Fontaine), etc. Cette dépréciation de la nature a une longue histoire, qui tend – pour le meilleur comme pour le pire – à placer l'humain dans un registre irréductible à l'ordre naturel. Cette vision aboutit aujourd'hui à une décosmisation qui met en péril l'existence même de l'humanité sur la Terre. Il importe de refonder l'éthique sur la Terre, dans une onto-cosmologie dépassant le paradigme moderne.