mercredi 15 juin 2016

Perception, milieu, monde / Quentin Bazin

Hrad Panny Marie – obří hrozen vážící 100 tun unitifů (Adolf Wölfli, 1915)
(source)
Séminaire "Mésologiques" du vendredi 13 mai

Perception, milieu, monde

Quentin Bazin

J’arrive ici pour présenter –et revoir, suite aux échanges- une écologie esthétique, qui est le cadre conceptuel dans lequel je travaille. L’écologie esthétique n’est pas une création personnelle, mais une composition de pensées braconnées ici et là. Par ailleurs, je ne suis spécialiste ni de la perception, ni de la mésologie, ni d’aucune des pensées que je vais évoquer.
Je voudrais commencer avec l’importance, à mon sens, de recadrer la perception dans un champ limité, un champ dans lequel elle se tient et produit des effets eux aussi limités. Ce champ, pour le dire vite, c’est le champ des objets déjà déterminés par une certaine subjectivité intentionnelle et discursive.
Un champ « molaire », pour reprendre la distinction de Deleuze et Guattari. Selon ces auteurs, il y a deux manières de percevoir le monde, deux plans, l’un molaire, et l’autre moléculaire. Le plan qui incarne le règne du molaire ne s’intéresse qu’aux substances, aux identités finies, délimitées. Le molaire permet les grandes oppositions binaires, dans les sexes (masculin féminin), dans les classifications simplistes (vertébré invertébré, casseurs manifestants, droite gauche, ...), ... Dans cette catégorie « transcendante », on retrouve donc les sujets et les objets, les sentiments subjectifs, ainsi que les perceptions de formes. Le plan d’immanence incarne de son coté le règne du moléculaire, celui des agencements entre multiplicités. Les multiplicités ne sont pas des objets car ne sont pas défini par des contours précis, des limites distinctes. On pourrait commencer par penser aux airs de famille de Wittgenstein. En fait, les multiplicités sont des ensembles non-identitaires, animés de divers rapports entre éléments de l’ensemble. Et animés par un certain degré de puissance, d’affect, d’intensité. Ce plan est le plus délicat, car tous les mots sont des pièges lorsqu’il s’agit d’aborder les multiplicités.