Fig. & : l’ancien embarcadère de la digue nord à Wakkanai, dit « le Dôme » (Dômu), vu du Boreas Sôya. Photo A. Berque |
Article proposé à l’Espace géographique, pour la rubrique « Carnets de terrain ».
Par Augustin Berque
Le Boreas Sôya, qui nous emmène à Rishiri, a démarré d’un autre quai. L’ancien embarcadère défile sous nos yeux (fig. 1). Avant 1945, de là partaient les imaginatifs qui, passant le détroit de Sôya (La Pérouse), s’en allaient défricher Karafuto (Sakhaline). Les mêmes lieux portent des noms divers, dans ces parages. Leur histoire est confuse. Par-dessus la tête des peuples autochtones, trois empires se la sont disputée
: la Chine des Qing, à qui les habitants de Sakhaline payaient un tribut ; le Japon, dont la seigneurie de Matsumae, depuis longtemps installée à Yezo (Hokkaidô), établit en Kasei II (1790) à Shirasushi un poste de traite qui commandait en principe la partie méridionale de l’île du Nord, avant qu’en Bunka IV (1807) le shôgunat, inquiet de l’avancée des Russes descendus par le nord, ne plaçât le territoire sous administration directe ; la Russie, qui en Kasei VI (1853) mit Kushunkotan à sac, et le rebaptisa Korsakov après le traité d’échange qui en 1875 attribua Sakhaline à la Russie et les Kouriles au Japon ; mais en 1905, le traité de Portsmouth rendit le sud de l’île au Japon, qui lui redonna le nom de Karafuto et, dans la foulée, remplaça l’aïnou Kushunkotan (« le village de l’autre rive ») par le japonais Ôdomari (« la grande escale »). Depuis 1945, tous ces lieux ont repris des noms russes.
: la Chine des Qing, à qui les habitants de Sakhaline payaient un tribut ; le Japon, dont la seigneurie de Matsumae, depuis longtemps installée à Yezo (Hokkaidô), établit en Kasei II (1790) à Shirasushi un poste de traite qui commandait en principe la partie méridionale de l’île du Nord, avant qu’en Bunka IV (1807) le shôgunat, inquiet de l’avancée des Russes descendus par le nord, ne plaçât le territoire sous administration directe ; la Russie, qui en Kasei VI (1853) mit Kushunkotan à sac, et le rebaptisa Korsakov après le traité d’échange qui en 1875 attribua Sakhaline à la Russie et les Kouriles au Japon ; mais en 1905, le traité de Portsmouth rendit le sud de l’île au Japon, qui lui redonna le nom de Karafuto et, dans la foulée, remplaça l’aïnou Kushunkotan (« le village de l’autre rive ») par le japonais Ôdomari (« la grande escale »). Depuis 1945, tous ces lieux ont repris des noms russes.
Fig. 2 : le mont Rishiri (1721 m), vu du Peshi-misaki. Photo F. Adam. |
Fig. 3 : une île flottante (ukishima) sur le lac Hime-numa, à Rishiri. Photo A. Berque. |
Fig. 4 : tombes des guerriers d’Aizu, à Oshidomari. Photo F. Adam. |
Fig. 5 : la demi-voûte du Dôme, à Wakkanai. Photo A. Berque. |
Wakkanai, 2 juillet 2011.