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"Summer Evening", Hashimoto Kansetsu, 1941 (Adachi Museum of Art) |
Pensée morphologique et interfaces sciences du vivant et sciences humaines
Par Luciano Boi(EHESS, Centre de Mathématiques et Équipe de Morphologies)
« […] je ne dirais pas que les routes de l’homme traversent le milieu de vie du hérisson mais c’est bien la rencontre de deux histoires : l’homme et le hérisson se retrouvent sur la même route à un moment donné et j’espère bien arriver à freiner et à ne pas écraser le hérisson. » (G. Canguilhem, Connaissance de la vie, Paris, 1966 ; à partir d’un des monologues du mendiant dans l’Électre de Giraudoux.)
Résumé : Nous cherchons à montrer que l’épigenèse, la morphogenèse, l’auto-organisation, les sciences de la complexité, sont des modèles explicatifs qui visent à répondre à la grande énigme de la construction du vivant à l’ère post-génomique. Ces modèles permettraient notamment de montrer que la vie n’est pas contenue dans un programme, mais découle d’une cascade de causalités qui s’enchaînent de manière non linéaire et par des discontinuités qualitatives successives. Par contraste avec le paradigme du « tout génétique », l’épigénétique permet d’appréhender d’une nouvelle manière les interactions entre organismes vivants et milieux naturels et culturels, ainsi que la coappartenance de la diversité et de l’unité du vivant à un même processus historique complexe et changeant.